samedi 31 octobre 2020

lundi 28 septembre 2020

Le sens du pays - pour refonder l'action indépendantiste

Je présente ici quelques extraits de l'introduction de mon nouveau livre: "Le sens du pays - Refonder le combat indépendantiste, publié aux Éditions Liber, en librairie depuis le début septembre. On peut aussi se le procurer en ligne chez Renaud-Bray: Commander en ligne

(...) Le terme  de "refondation" a été malheureusement galvaudé récemment, tant au Bloc québécois qu’au PQ. Le premier a annoncé en grande pompe un «congrès de refondation» qu’il a tenu en mars 2019 où on a adopté un nouveau programme de promotion de l’indépendance, qui a été complètement écarté de sa campagne électorale d'octobre 2019. Le Parti québécois a lui aussi tenu un congrès extraordinaire en novembre 2019 en utilisant ce thème, réaffirmant sa foi indépendantiste tout en refusant de s’engager à réaliser une campagne électorale indépendantiste, laissant les aléas d’une course à la direction en disposer.


(...) Une vraie refondation du projet indépendantiste ne pourra se faire par les mêmes chemins. Pour contrer la tentation du renoncement au combat pour l’indépendance, renoncement que rien ne justifie, il est devenu incontournable de revoir les bases stratégiques du mouvement pour l’indépendance. Cela doit impliquer la fin des campagnes provincialistes et de l’attentisme référendaire, et le dépassement des tensions électoralistes partisanes. Éliminer ces pratiques, c’est faire en sorte que chaque élection se gagne ou se perde à la suite d'un débat sur le contenu de la souveraineté, en lien avec les questions d’actualité qui se posent alors et des projets à réaliser pour y répondre avec les moyens d’un pays. 

(...) Retrouver le sens du pays c'est proposer une voie de sortie du cycle «provincialisant» par lequel nos gestes s’enchaînent et nous enchaînent à ce statut de province largement dépendante d'un pouvoir qui nous échappe et soumise aux diktats d’une autre majorité. 


(...) Il faut comprendre ce qui a paralysé et paralyse encore le mouvement indépendantiste. (...) Une analyse critique, fondée sur des faits, est une condition indispensable pour susciter une véritable refondation en vue de la relance d’une dynamique d’émancipation nationale, une dynamique qui couve toujours sous la cendre et ne demande qu’à s'épanouir à nouveau.

lundi 21 septembre 2020

Le sens du pays - Préface de Guy Rocher



Je présente ici quelques extraits de la préface que Guy Rocher a bien voulu faire de mon nouveau livre: "Le sens du pays - Refonder le combat indépendantiste". Ce livre est publié par les Éditions Liber. Il est en librairie depuis le début septembre et on peut se le procurer en ligne chez Renaud-Bray: 

Voir en ligne

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(...) Mais je ne crois pas me tromper en disant que la formation, l'esprit, la culture scientifique de l'universitaire affleurent nettement dans cet écrit essentiellement politique. En effet, c'est avec un grand souci de vérité que Gilbert Paquette refait pour nous et avec nous le chemin sinueux de l'histoire du Parti québécois depuis ses débuts jusqu'à aujourd'hui. Dans ce parcours d'une cinquantaine d'années, Gilbert Paquette décrit et analyse avec soin les tensions et luttes internes qu'a vécues le parti, auxquelles il a lui-même activement participé. Il ne cache pas la position, dite «radicale», qu'il a occupée depuis longtemps dans ces débats, prenant appui sur sa fondamentale adhésion au projet de l'indépendance du Québec et sa volonté de le voir advenir.

Il y a donc dans ce livre une part majeure d'histoire politique du Québec des cinquante dernières années, une part d'autobiographie puisque l'auteur y a joué un rôle actif à toutes ces étapes, et une part d'analyse critique des décisions prises et des stratégies adoptées. À travers ce récit, personnel et d'histoire sociale et politique, on ne peut que remarquer et admirer la constance des convictions indépendantistes de cet homme et sa détermination à les exposer, les défendre et les faire partager. Et cela depuis 1968.

(...) Mais Gilbert Paquette est aussi un homme d'action: il l'a prouvé de nombreuses fois dans sa carrière universitaire et dans ses engagements politiques. Son analyse historique et critique débouche donc sur des propositions d'action, en vue de ce qu'il appelle une refondation. C'est le thème de cet ouvrage. L'objectif en est, dit-il de sortir de l'«impasse dangereuse» dans laquelle il considère que le mouvement indépendantiste s'est engagé, particulièrement le PQ et l'acceptation de sa «provincialisation», qu'il dénonce avec vigueur. Il en est résulté que le Parti québécois n'a cessé d'occulter le projet original de l'indépendance, tel qu'il s'exprimait clairement lors des élections de 1970 et 1973.

(...) Sa voix demande à être écoutée. Voilà pourquoi il faut lire ce livre.

Guy Rocher, décembre 2019





jeudi 27 août 2020

Mon nouveau livre: Retrouver le sens du pays

Mon nouveau livre sera en librairie le 2 septembre. Je vous invite à son lancement le 7 septembre 2020 où j'en présenterai le contenu et où vous pourrez vous le procurer.



Après plus de cinquante ans d’ existence du Parti québécois, le Québec n’ est toujours pas un pays. Au lendemain de l’ élection du 1er octobre  2018, ses appuis populaires sont tombés en deçà de son premier résultat électoral, 23 %, obtenu en 1970. Encore plus inquiétante est la panne d’ espoir qui paralyse beaucoup d’ indépendantistes. Tel est le résultat de ce que j'appelle la provincialisation de la politique québécoise. Cela doit changer : nous devons retrouver le sens du pays et reprendre la route de l’ émancipation nationale. Il y a urgence à une véritable refondation indépendantiste. 

Des questions difficiles se posent et doivent être résolues. Le Parti québécois a-t-il perdu sa pertinence et son utilité comme véhicule de notre émancipation ? Doit-il céder la place, pour cette mission, à un autre parti, Québec solidaire ou un nouveau parti ? Doit-on faire surgir de la société civile un véhicule plus englobant ? Ou plusieurs, chacun à même d’ obtenir l’ appui d’ une partie de la population, en fondant entre eux une alliance capable de créer une majorité populaire pour l’ indépendance ?

À travers l’ histoire du Parti québécois et plus largement du mouvement indépendantiste, à laquelle j'ai participé intensément, cet ouvrage répond à ces questions. Il le fait de manière claire, engagée, optimiste, non partisane, en évacuant la peur et le double langage qui bloquent encore la marche vers le pays du Québec.


 

dimanche 14 juin 2020

Non au racisme et à la dérive systémique.

Le débat sur la discrimination et le racisme fait rage au Québec, coloré par la politique politicienne, masquant souvent le véritable enjeu: celui de l'égalité et de la solidarité entre tous les Québécois.

J'appuie sans réserve la lutte contre le racisme au Québec, un fléau dans toutes les sociétés, dont certaines manifestations existent au Québec comme ailleurs, du fait de personnes incapables de surmonter leur crainte des différences. Peut-on demander à notre gouvernement de mettre en œuvre les programmes d’éducation, et aussi les réformes nécessaires des structures, des lois et des règlements visant à contrer la discrimination et à soutenir l’égalité de tous les citoyens et de toutes les citoyennes du Québec ?
Mais on n'y arrivera pas en brandissant un terme aussi trompeur et divisif que celui de « racisme systémique ». La discrimination existe mais un tel système de racisme organisé n’existe pas au Québec. L’emploi du terme « racisme systémique » constitue même une insulte au peuple Québécois qu’on accuse ainsi d’entretenir un système organisé visant l’exclusion et la persécution des personnes en fonction de leur race. 
Avant de parler de « racisme systémique », il faut revernir au sens du mot « système », lequel dérive du grec "systema" qui signifie "ensemble organisé". J’ai eu l’occasion dans mes travaux scientifiques d’étudier la Science des systèmes, en particulier les travaux fondateurs d’Herbert Simon et de Jean-louis Lemoigne. Pour Joël de Rosnay (1975), "un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d'un but" (p.93). Mélèze (1972) propose la définition suivante: "un système finalisé est un ensemble organisé de moyens, méthodes, règles et procédures qui permet d'obtenir des réponses satisfaisantes de l'environnement". Pour Checkland (1981), un système "se caractérise en termes de structure hiérarchique, de propriétés émergentes et de réseaux de communication et de contrôle." 
L’existence d’un système favorisant le racisme implique donc une structure observable et des processus organisés en fonction de finalités bien définies. Un racisme systémique impliquerait l’existence d’une organisation structurée, de règles ou même de lois, de processus ou de directives (dans les corps policiers par exemple), incitant des personnes en vue d’une finalité du système : l’exclusion et la persécution de groupes et de personnes en fonction de leur race. 
Rien de tout cela n’existe au Québec et personne n’en a apporté même un début de preuve. Mais cette définition correspond parfaitement bien au système d’extermination des juifs dans l’Allemagne nazie, au système d’apartheid contre les autochtones en Afrique du Sud, ou au système organisé d’esclavage et de persécution des noirs aux Etats-Unis. 
Quand cela a existé au Canada et au Québec, ce sont les francophones et les autochtones qui en ont fait surtout les frais. On parle ici de l’exclusion des francophones des affaires publiques au temps des patriotes, leur répression et celle des métis au Manitoba, la déportation des acadiens, l’élimination systématique des écoles francophones dans la plupart des provinces canadiennes. À l’égard des peuples autochtones, on parle de l’inique loi des indiens, toujours en vigueur, que le Canada n’arrive pas à répudier et à mettre aux poubelles de l’histoire.
Aujourd’hui, accuser le Québec de pratiquer un « racisme systémique » est une insulte à l’intelligence qui le place en bien mauvaise compagnie. Cela ne peut avoir qu’un effet : réprimer les aspirations du Québec quant à son identité nationale et à la liberté à laquelle il a droit. Il faut le redire haut et fort, cette liberté ne peut conduire à la répression de minorités ethnoculturelles, bien au contraire. Il faudra bientôt nous donner les responsabilités et les moyens travailler à éliminer toutes les formes de discriminations dans le Québec, maintenant, et encore mieux dans l’avenir d’un Québec indépendant axé sur l’égalité de tous et detoutes.
Checkland, Peter (1981) Systems Thinking, Sytems Practice: Includes a 30-Year Retrospective, Wiley.
Le Moigne, J.L. (1974). Les systèmes de décision dans les organisations, Paris: Presses universitaires de France.
Mélèze, J. (1972). L'analyse modulaire des systèmes de gestion, A.M.S., Puteaux, France: Editions hommes et techniques
Rosnay, J. de. (1975). Le macroscope: vers une vision globale, Paris: Seuil
Simon, H.A. (1974). La science des systèmes, science de l'artificiel, Paris: Epi.

samedi 16 mai 2020

Il y a 40 ans, le Référendum.

(Extrait de ma chronique dans le Magazine Oui Je le veux)

Il y a 40 ans, le 20 mai 1980 je participais comme député au  premier référendum sur la souveraineté-association,  dans un contexte piégé.  Malgré l’excellent gouvernement provincial qu’avait été le Parti Québécois au début de son mandat, malgré toutes les atténuations de son option, « pour ne pas effrayer la population » , malgré la crédibilité de son chef et de ses porte-paroles, l’option n’avait pas progressé d’un iota par rapport au vote de 1976. 
     Satisfait du « bon gouvernement », les gens se réservaient le droit de voter non au référendum. Par ailleurs, les arguments sur le pourquoi de l’indépendance ne leur avaient jamais été présentés, le Parti québécois étant presqu’entièrement préoccupé à gouverner la province. Comme nous le verrons, la campagne référendaire n’allait pas permettre non plus de le faire.
   On allait choisir plutôt « d’atténuer les contours de la souveraineté ». Le chef du parti et ceux qui l’avaient suivi en quittant le Parti libéral étaient réfractaires au discours de libération nationale et à l’usage du mot « indépendance » jugé trop agressif.  Cela faisait dire, à la veille du référendum, en 1979, à une Andrée Ferretti : « la prise du pouvoir par le Parti québécois a, d'une certaine manière, signé l'arrêt du combat pour l'indépendance. En rayant le mot de ses discours et de son programme, et la chose de son administration, le PQ a vidé notre grand projet collectif des contenus idéologiques et politiques qui faisaient sa force réelle ».
     Déjà, à l’Assemblée Nationale, le 10 octobre 1978, René Lévesque avait mis un trait d’union entre souveraineté et association : « Il n’est pas question dans notre esprit d’obtenir d’abord la souveraineté, puis de négocier l’association par la suite. Nous ne voulons pas briser, mais bien transformer radicalement, notre union avec le reste du Canada, afin que, dorénavant, nos relations se poursuivent sur la base d’une égalité pleine et entière.»  Comme le soulignait par la suite l’éditorialiste du Devoir Lise Bissonnette : « Il devient clair que les Québécois auront à se prononcer sur un simple « mandat de négocier la souveraineté-association (…) la souveraineté elle-même sera mise en veilleuse encore une fois, au profit de la promesse d’un lien encore très substantiel avec le reste du Canada ». Cette logique viciée à la base, plaçait le Québec dans le rôle de quémandeur, sans rapport de force; une logique vouée à l’échec.
Un an et demi plus tard, au comité de préparation de la campagne référendaire auquel je participais, je me rappelle que nous avons discuté longuement du libellé de la question. Si la stratégie dite du « trait d’union entre souveraineté et association » n’était plus discutable, celle d’un deuxième référendum ne faisait pas consensus, mais pas du tout. Au Conseil des ministres, Jacques Parizeau combattait avec ardeur cette idée. Tout comme lui, j’appris avec l’ensemble des députés le libellé final de la question lors de son dépôt à l’Assemblée Nationale. Elles contenait ces deux nouvelles « étapes », le trait d'union et un référendum qui menait à une deuxième référendum, visant soi-disant à sécuriser la population, étapes qui n’avaient jamais été discutées au sein du Parti ou du caucus des députés.
     Pourquoi les Québécois ont-ils finalement refusé leur appui au référendum de 1980, alors que la proposition était, somme toute, si peu engageante ? Comme l’a souligné Pierre Bourgault, « Il se passa quelque chose d’inouï pendant la campagne référendaire (…). Les adversaires de l’indépendance disaient, pensant faire peur « Si vous votez OUI, le Québec deviendra indépendant. » Les tenants de l’indépendance disaient au contraire « Si vous votez OUI, ne vous inquiétez pas, nous ne ferons pas l’indépendance mais une nouvelle entente. Les fédéralistes parlaient d’indépendance, pendant que les indépendantistes parlaient d’association ». 
     À la fin de cette campagne tordue, Trudeau emporta l’adhésion en mettant son siège en jeu pour une changement dans le statut politique du Québec, compris à tort comme un accroissement de l’autonomie du Québec dans le Canada. Trudeau affirmait qu’un NON voulait dire un OUI et Lévesque affirmait qu’un OUI voulait dire au mieux un PEUT-ÊTRE. 

On peut expliquer la défaite référendaire par le fait que la peur engendre la peur, au mieux l’indécision. Certains se sont demandé : « que peut-il y avoir de si terrible derrière ce projet d’indépendance pour que ses principaux partisans aient peur de nous le présenter ». D’autres se sont sans doute dit que puisque qu’un OUI au référendum n’allait rien changer dans l’immédiat, alors pourquoi prendre un risque peut-être réel si on en croyait ses opposants. 
     Au final, la stratégie du référendum de 1980 fut une grave erreur dont le Parti québécois, et surtout le Québec paient encore le prix aujourd’hui. La stratégie de répondre à la campagne de peur des adversaires par des évitements, des faux-fuyants a elle-même fait rayonner la peur plutôt que de la vaincre par des réponses claires sur les avantages de l’indépendance et une volonté assumée de la réaliser.   La culture même d’un parti, la motivation et l’élan de tout un mouvement populaire avait été stoppés, rendant difficile une reprise du combat d’indépendance avec la même ferveur et la même force qu’avant. 
     Il a fallu attendre quinze ans et le retour d'un Jacques Parizeau pour qu'une nouvelle chance nous soit donnée de faire du Québec un pays.

vendredi 20 mars 2020

Pandémie - Retrouver l'essentiel.

Comme la plupart d'entre nous, en ces temps de pandémie,  je suis confiné à la maison avec tout le temps de lire, d'écrire et surtout de penser à ce qui est vraiment essentiel. Lorsque la santé est menacée, lorsque la vie est en péril, lorsque la mort peut frapper on ne sait qui, où et quand, on dirait qu'il est plus facile de retrouver les valeurs essentielles, la lutte contre les dominations et la nécessaire solidarité.

Une chose me frappe d'abord: la solidarité internationale qui se manifeste partout. C'est comme si le danger engendrait cette solidarité parce que nous avons un ennemi commun, invisible, mais que nous devons combattre ensemble. Quelle que soit la région ou le pays, quel qu'en soit le régime politique, quel que soit l'emprise du fanatisme qu'on y subit, on s'inquiète de ce qui se passe ailleurs, par exemple en Iran. La Chine d'où origine la pandémie  applique des mesures drastiques, s'en sort et aide l'Italie qui passe par le pire de la crise.  J'ai vu hier une vidéo où un italien avait installé son clavier sur le balcon, accompagné d'un saxophoniste sur un autre balcon et, ailleurs, de gens qui chantaient.

Solidarité nationale aussi, car s'il y a une chose, quand une crise frappe, on s'en remet à nous, à notre solidarité nationale, à notre État nation. Les Québécois s'en remettent à leur État national, à Québec. Les autres Canadiens , s'en remettent à leur état national, à Ottawa. Ici, au Québec on regrette de ne pouvoir contrôler nos frontières, notre économie, nos relations internationales pour prendre toutes nos responsabilités nous-mêmes, au lieu d'attendre le gouvernement des autres. Cela viendra !




samedi 1 février 2020

Le PQ peut-il être un actif pour l'indépendance ?

La course à la direction du Parti québécois démarre aujourd'hui, 1er février 2020. Pour le moment trois candidats sont en lice. Peut-être seront-il bientôt quatre ou cinq. On dit que la nature a horreur du vide. Mais allons-nous retrouver à la fin de la course un parti capable de remplir le vide. Allons-nous entendre une vision et un discours capable mobiliser, qui met de côté  les tergiversations, l'attentisme, le provincialisme qui ont caractérisé l'histoire de ce parti ces 25 dernières années.
         La vraie question à laquelle les candidats à la direction du PQ devront répondre le 19 juin prochain est la suivante:  lors de la prochaine campagne électorale de 2022, et les suivantes si nécessaire, ce parti osera-t-il demander à la population un mandat de réaliser l'indépendance du Québec?


Pour le moment, les propositions des candidats à la chefferie oscillent entre négocier un rapatriement de pouvoirs au Québec avec Ottawa selon Frédéric Bastien ou tenir un référendum dans un premier mandat gouvernemental selon Paul St-Pierre Plamondon. Ce dernier a effectué un virage de 180 degrés par rapport à sa position de 2016 qui repoussait à tort le référendum dans un deuxième mandat. Quant au député Sylvain Gaudreau, il vient de se rallier à un référendum dans un premier mandat, après avoir jugé l'engagement de PSPP "prématuré" parce qu'il faut "prendre acte également que selon les récents sondages, l'indépendance est à 25% ou 30%, au mieux". Voilà un départ pour le moins "oscillant".      Peut-on bientôt savoir sur quoi porterait ce référendum ou ces négociations avec Ottawa ?

       Ces positions ne sont pas nouvelles et elles passent totalement à côté de la question. J'ai été candidat à la direction en 2005, au moment où le PQ venait d'adopter un programme proposant un projet de pays et un référendum tôt dans un premier mandat. Nous étions 9 candidats, la plupart appuyant à fond ce programme. Une fois élu, André Boisclair mit de côté ce programme voté par les membres au profit d'une plateforme électorale faite de mesures réalisables par une province. Pendant cette campagne, il parla peu d'un éventuel référendum, encore moins des raisons d’en tenir un, de l’urgence ou de la nécessité de la souveraineté et pas du tout de ce que la souveraineté permettrait de faire, soit un projet de pays. Lorsqu’un journaliste l’interrogeait sur le référendum à venir, il préférait répondre « l’indépendance n’est pas l’objet de cette campagne. On en parlera lors du référendum » ; et il n’était pas question que ce soit « le plus tôt possible au cours du premier mandat » comme le voulait le programme du Parti. En 2007, le PQ  fit une campagne provincialiste, comme dans  les sept élections depuis 1995; et ses appuis commencèrent à dégringoler.
         On comprend l'inquiétude de la présidente du comité des jeunes du Parti québécois, Frédérique St-Jean demandant que son parti puisse  "réassumer totalement son option indépendantiste même si cela le mène vers une défaite encore plus importante que celle d'octobre 2018".  La vraie question concerne un changement profond d'orientation quant à  la réalisation de l'indépendance qu'on ne voit pas poindre à l'horizon. Le Parti québécois aura-t-il le courage et la vision de se redéfinir, d'amorcer une refondation à la fois quant au contenu de l'indépendance et quant à la démarche pour réaliser celle qu'il n'a pas réussi à faire à son congrès spécial de novembre 2019 ? Si le passé est garant de l'avenir, il faudra compter sur d'autres instruments que le Parti québécois pour remettre le cap sur l'indépendance.



lundi 27 janvier 2020

On est bons au Québec en mathématiques !

Dans un article ce matin de la revue l'Actualité, l'économiste Pierre Fortin souligne les excellents résultats des jeunes québécois en mathématique dans la dernière enquête PISA administrés dans 79 pays. Cette enquête a rejoint 600 000 étudiants de 15 ans, cont 22 400 au Canada et 4 500 au Québec.

On est bons en mathématiques, et même très bons ! Le graphique ci-contre parle de lui-même. Les étudiants du Québec se classent troisième, devancés uniquement par ceux de Singapour et de la Chine, devant ceux du Japon et de la Corée du sud. Ce n'est pas rien !

Les étudiants du Québec sont loin devant ceux du Canada hors-Québec, des États-Unis, et des cinq plus grand pays européens.

Le Québec occupe ce troisième rang mondial non seulement cette année-là mais dans les quatre dernières éditions de cette enquête internationale, ce qui démontre la stabilité de cette performance des jeunes québécois.

On peut en être fier, car on voit le résultat des efforts consentis au cours des dernières décennies par le Québec pour réorienter l'enseignement des mathématiques en l'axant sur la résolution de problème. J'en suis particulièrement fier puisque j'ai dirigé le premier programme de la Télé-université (PERMAMA) consacré au perfectionnement des maîtres en mathématique dans les écoles du Québec. Ce programme a permis de former la moitié de tous les profs de mathématique de l'enseignement secondaire en exercice et surtout de réorienter les méthodes d'enseignement dans cette matière qui étaient alors axés principalement sur la mémorisation des formules. Merci à tous ceux et celles qui depuis ce temps se sont consacré à former nos jeunes à cette importante matière.

samedi 14 décembre 2019

L’ACEUM: les limites du Bloc et de la CAQ dans la défense du Québec.

Le Bloc et la CAQ sont malheureusement sans rapport de force devant le gouvernement canadien. Leur abandon du projet d’indépendance les a conduit à un nationalisme impuissant, incapable de défendre le Québec. Rien n’illustre mieux la vacuité du « nationalisme provincialiste » que professent ces deux formations que leur position sur l’entente de libre-échange nord-américaine (ACEUM), laquelle protège le secteur de l’acier, concentré en Ontario, mais pas l’aluminium où 8 des 9 alumineries canadiennes sont implantées au Québec.

 Suite à sa rencontre avec Justin Trudeau cette semaine, le premier ministre Legault, a demandé à Yves-François Blanchet et au Bloc « d’appuyer l’accord, de ne pas retarder les travaux, de ne pas faire d’obstruction parlementaire, pour que ce soit adopté rapidement ». Pourquoi ? Parce que l’entente de libre échange nord-américaine serait un gain pour le Québec, même dans le cas de l’aluminium et on oublie pour le moment la gestion de l’offre. 

Ce conflit entre deux partis censés défendre les intérêts du Québec dans le Canada met d’abord en évidence la stratégie tordue du Bloc qui consiste à représenter à Ottawa les consensus d’une Assemblée nationale dominée par deux partis fédéralistes. Or le gouvernement de la CAQ et l’opposition officielle du parti libéral ont même la position : endosser l’entente. Que devient la position du Bloc chaque fois que ces partis préfèreront s’aligner avec le gouvernement canadien. Qu’arrivera-t-il aussi lorsqu’après s’être fait dire non par Ottawa sur chacune de ses demandes, le gouvernement de la CAQ décidera que son image de bon joueur au sein du Canada exige qu’il soit de plus en plus conciliant. 

Sur le fond de la question, le Bloc a toutefois raison de maintenir « que nos travailleurs de l’aluminium aient droit à la même protection que les travailleurs de l’acier, quitte à renégocier l’accord ». Comment expliquer ce refus de François Legault de le faire, de masquer ainsi la faiblesse d’Ottawa à défendre le secteur de l’aluminium québécois dans les négociations de l’ACEUM. Cette entente représente-t-elle un gain pour le Québec ?

On se rappellera qu’en décembre 2017, le président américain Donald Trump avait annoncé une série de taxes sur divers produits, dont des droits d'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Le Canada, le Mexique et l'UE avaient d’abord été exemptés en mars 2018, exemption levée le 31 mai, ces taxes punitives entrant en vigueur comme moyen de pression direct sur les pourparlers de l'Accord de libre-échange nord-américain qui, selon les américains, n’avançaient pas à leur goût. Là se trouve le soi-disant gain : on aurait empêché une perte, l’entrée en vigueur de taxes punitives, aussi néfastes pour le Canada que pour les Etats-Unis ou le Mexique. 

L’accord prévoit maintenant que 70 % des pièces d’acier ou d’aluminium utilisés dans la fabrication d’automobiles devront désormais être d’origine nord-américaine. Mais là où l’accord précise que l’acier doit être « fondu et coulé » en Amérique du Nord pour se qualifier, rien n’est prévu pour l’aluminium. Or, le Mexique importe de l’aluminium de la Chine et le transforme chez lui. Il devient ainsi de l’aluminium nord-américain, entrant en compétition avec l’aluminium québécois, dans un pays où les salaires sont moins élevés.

Le Bloc a raison de vouloir se battre mais le gouvernement du Québec le laisse tomber et ce n’est pas le NPD, avec un seul député au Québec, ou les conservateurs, axés sur les préoccupations pétrolières de l’Ouest canadien qui vont l’aider  à Ottawa. Le Bloc n’a aucun rapport de force. Pourrait-il au moins expliquer aux Québécois pourquoi ? Pourrait-il expliquer que les prochaines fois, il faut que le Québec soit à la table de négociation des accords économiques internationaux le concernant et que, pour cela, il doit être un pays. Pourrait-il enfin expliquer que la meilleure façon de défendre les intérêts du Québec, c’est que le Québec s’en occupe lui-même !





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