(...) Le terme de "refondation" a été malheureusement galvaudé récemment, tant au Bloc québécois qu’au PQ. Le premier a annoncé en grande pompe un «congrès de refondation» qu’il a tenu en mars 2019 où on a adopté un nouveau programme de promotion de l’indépendance, qui a été complètement écarté de sa campagne électorale d'octobre 2019. Le Parti québécois a lui aussi tenu un congrès extraordinaire en novembre 2019 en utilisant ce thème, réaffirmant sa foi indépendantiste tout en refusant de s’engager à réaliser une campagne électorale indépendantiste, laissant les aléas d’une course à la direction en disposer.
(...) Une vraie refondation du projet indépendantiste ne pourra se faire par les mêmes chemins. Pour contrer la tentation du renoncement au combat pour l’indépendance, renoncement que rien ne justifie, il est devenu incontournable de revoir les bases stratégiques du mouvement pour l’indépendance. Cela doit impliquer la fin des campagnes provincialistes et de l’attentisme référendaire, et le dépassement des tensions électoralistes partisanes. Éliminer ces pratiques, c’est faire en sorte que chaque élection se gagne ou se perde à la suite d'un débat sur le contenu de la souveraineté, en lien avec les questions d’actualité qui se posent alors et des projets à réaliser pour y répondre avec les moyens d’un pays.
(...) Retrouver le sens du pays c'est proposer une voie de sortie du cycle «provincialisant» par lequel nos gestes s’enchaînent et nous enchaînent à ce statut de province largement dépendante d'un pouvoir qui nous échappe et soumise aux diktats d’une autre majorité.