samedi 1 février 2020

Le PQ peut-il être un actif pour l'indépendance ?

La course à la direction du Parti québécois démarre aujourd'hui, 1er février 2020. Pour le moment trois candidats sont en lice. Peut-être seront-il bientôt quatre ou cinq. On dit que la nature a horreur du vide. Mais allons-nous retrouver à la fin de la course un parti capable de remplir le vide. Allons-nous entendre une vision et un discours capable mobiliser, qui met de côté  les tergiversations, l'attentisme, le provincialisme qui ont caractérisé l'histoire de ce parti ces 25 dernières années.
         La vraie question à laquelle les candidats à la direction du PQ devront répondre le 19 juin prochain est la suivante:  lors de la prochaine campagne électorale de 2022, et les suivantes si nécessaire, ce parti osera-t-il demander à la population un mandat de réaliser l'indépendance du Québec?


Pour le moment, les propositions des candidats à la chefferie oscillent entre négocier un rapatriement de pouvoirs au Québec avec Ottawa selon Frédéric Bastien ou tenir un référendum dans un premier mandat gouvernemental selon Paul St-Pierre Plamondon. Ce dernier a effectué un virage de 180 degrés par rapport à sa position de 2016 qui repoussait à tort le référendum dans un deuxième mandat. Quant au député Sylvain Gaudreau, il vient de se rallier à un référendum dans un premier mandat, après avoir jugé l'engagement de PSPP "prématuré" parce qu'il faut "prendre acte également que selon les récents sondages, l'indépendance est à 25% ou 30%, au mieux". Voilà un départ pour le moins "oscillant".      Peut-on bientôt savoir sur quoi porterait ce référendum ou ces négociations avec Ottawa ?

       Ces positions ne sont pas nouvelles et elles passent totalement à côté de la question. J'ai été candidat à la direction en 2005, au moment où le PQ venait d'adopter un programme proposant un projet de pays et un référendum tôt dans un premier mandat. Nous étions 9 candidats, la plupart appuyant à fond ce programme. Une fois élu, André Boisclair mit de côté ce programme voté par les membres au profit d'une plateforme électorale faite de mesures réalisables par une province. Pendant cette campagne, il parla peu d'un éventuel référendum, encore moins des raisons d’en tenir un, de l’urgence ou de la nécessité de la souveraineté et pas du tout de ce que la souveraineté permettrait de faire, soit un projet de pays. Lorsqu’un journaliste l’interrogeait sur le référendum à venir, il préférait répondre « l’indépendance n’est pas l’objet de cette campagne. On en parlera lors du référendum » ; et il n’était pas question que ce soit « le plus tôt possible au cours du premier mandat » comme le voulait le programme du Parti. En 2007, le PQ  fit une campagne provincialiste, comme dans  les sept élections depuis 1995; et ses appuis commencèrent à dégringoler.
         On comprend l'inquiétude de la présidente du comité des jeunes du Parti québécois, Frédérique St-Jean demandant que son parti puisse  "réassumer totalement son option indépendantiste même si cela le mène vers une défaite encore plus importante que celle d'octobre 2018".  La vraie question concerne un changement profond d'orientation quant à  la réalisation de l'indépendance qu'on ne voit pas poindre à l'horizon. Le Parti québécois aura-t-il le courage et la vision de se redéfinir, d'amorcer une refondation à la fois quant au contenu de l'indépendance et quant à la démarche pour réaliser celle qu'il n'a pas réussi à faire à son congrès spécial de novembre 2019 ? Si le passé est garant de l'avenir, il faudra compter sur d'autres instruments que le Parti québécois pour remettre le cap sur l'indépendance.



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