mercredi 20 août 2025

L’indépendance, enjeu de la prochaine élection

En situation de crise, les grands changements sont souvent nécessaires. (Le Devoir 20 août 2025)

La victoire du Parti québécois du 11 août dernier dans Arthabasca est impressionnante par son ampleur. Elle pousse les intention de vote pour le parti québécois vers le haut. Elle sera porteuse d’avenir dans la mesure on y donnera suite.

Bien qu’un an en politique soit une éternité, après Jean-Talon, Terrebonne et maintenant Arthabaska, il y a une forte probabilité que, dans un an, le Parti québécois forme le prochain gouvernement du Québec. Se pose donc la question la plus importante maintenant, celle de l’enjeu de la prochaine élection.

Actuellement, devant l’offensive économique américaine, la plupart des observateurs et des commentateurs politiques demandent à répétition au Parti québécois s’il compte vraiment tenir un référendum sur l’indépendance une fois qu’il sera au gouvernement. Le chef du parti réaffirme régulièrement la position fondamentale de son parti.

Cette constance est rassurante, car elle contraste avec les périodes où le parti, à l’exception de René Lévesqueen 1975 et de Jacques Parizeau en 1994, reconnaissait lui-même que l’idée d’indépendance était nuisible à son élection en l’excluant des débats électoraux.

Il faut en effet résister à cette peur du changement. Particulièrement en période de difficulté économique, où des changements profonds sont les plus réalistes. En invitant le Parti québécois à mettre son option en veilleuse, on laisse entendre encore une fois que l’indépendance pourrait nuire à son élection. On retrouve ici la vieille idée fallacieuse que le Québec serait mieux protégé de l’offensive Trump par un Canada de 40 millions d’habitants, que le Québec serait trop petit pour se défendre, alors que même les opposants à l’indépendance reconnaissent sa viabilité comme pays.

Reculs du Canada

En matière de négociation d’accords commerciaux avec les États-Unis, le Québec peut-il être vraiment défendu par des représentants à Ottawa qui devront choisir entre les intérêts divergents des provinces lorsque se poseront les choix difficiles ? Défendront-ils mieux les intérêts du Québec ou ceux de l’Ontario ou de l’Ouest canadien ? Le Canada pétrolier ou le Québec et son électricité ? La gestion de l’offre ou le modèle agricole industriel ? L’industrie automobile ou l’aéronautique ?

Devant les multiples reculs du gouvernement Carney sur le contrôle de la frontière, l’économie numérique et l’armement américain, il devrait être maintenant clair que le Canada n’est pas une protection pour le Québec, mais un vase communicant pour les politiques de Trump, ces politiques qu’Ottawa nous impose et dont le Québec ne veut pas : plus de police, plus d’armement, plus de pétrole, moins de justice sociale et fiscale, moins de lutte pour le climat.

Les reculs d’Ottawa coûtent déjà très cher au Québec. L’imposition de droits de douane américains de 25 % sur l’ensemble des produits canadiens équivaut à une diminution de 2,6 % du PIB pour une perte de 78 milliards de dollars par année ; à 35 % actuellement, ce sera plus de 100 milliards. L’abolition de la taxe canadienne sur les services numériques (TSN) prive l’État canadien de recettes fiscales de

7,2 milliards de dollars d’ici à 2028. L’augmentation des dépenses militaires à 2 % du PIB nous coûtera 20 milliards de plus cette année, et celle à 5 % du PIB fera augmenter les dépenses à au moins

150 milliards annuellement d’ici 2035.

Actuellement, Ottawa endette le Québec sans aucunement consulter les Québécois sur les décisions qu’il prend. Le déficit canadien de l’année en cours, prévu à 48 milliards sous le gouvernement Trudeau, pourrait possiblement doubler dans l’énoncé budgétaire que le ministre des Finances présentera cet automne à Ottawa. Ce sera pire les années suivantes.

Pour faire face au déficit galopant de l’État canadien, le gouvernement Carney aura le choix entre augmenter l’impôt des particuliers ou faire des coupes draconiennes dans les transferts aux provinces, une mesure moins coûteuse politiquement pour lui laissant aux provinces l’odieux d’appliquer les coupes de services qui en résulteront. Ce sont les programmes en santé, en éducation et dans les services sociaux qui en souffriront.

Notre double dépendance actuelle comme province au sein d’un Canada lui-même soumis aux États- Unis crée une position intenable pour le gouvernement du Québec, quel que soit le parti au pouvoir. Cette réalité nous invite à remettre en cause la situation du Québec au sein du Canada dès l’élection 2026, seule façon d’entreprendre de nous gouverner en fonction de notre structure économique, de nos orientations sociales et de notre spécificité culturelle.

Un Québec doté de tous les moyens d’un pays pourra mieux faire face à toutes les situations qu’un Canada divisé, malgré la solidarité de façade, passif devant l’envahissement des géants numériques, multipliant les investissements publics dans le militaire et les pipelines pétroliers ou gaziers aux dépens de la protection sociale et du climat. Nous devons refuser cet avenir pour le Québec. La prochaine élection de 2026 doit être un moment décisif sur la route qui fera du Québec un pays.

 

jeudi 31 juillet 2025

Agression de Trump - La justice sociale au Québec en péril.


L’ex-ministre Gilbert Paquette anticipe les effets de la guerre commerciale américaine sur le Québec et ses programmes sociaux - La Presse, 30 juillet 2025

L’offensive tous azimuts de Donald Trump pour accaparer une partie de la richesse des autres pays s’est d’abord manifestée sur le plan commercial, mais elle affecte aussi les lois et les budgets des autres pays, contredisant leur souveraineté. Au Canada, et particulièrement au Québec, on ne souligne pas assez qu’elle affectera de plus en plus nos politiques de justice sociale. 

Sur le plan commercial, on estime que l’imposition de tarifs douaniers de 25% sur l’ensemble des produits canadiens amènerait une diminution du PIB de 2,6%, soit une perte annuelle de 78 milliards de dollars canadiens. À 35%, la menace de Trump la plus récente, ce sera évidemment beaucoup plus.

 

Cet impact considérable sur le budget canadien s’accompagne aussi de pertes de revenus budgétaires. Le plan de l’OCDE auquel ont adhéré 137 pays dont le Canada pour forcer les multinationales à payer leur juste part d’impôt est combattu férocement par le président Trump et ses amis des GAFAM. L’abolition de la taxe canadienne sur les services numériques (TSN) à laquelle Mark Carney a cédé, privera l’État canadien de recettes fiscales de 7,2 milliards de dollars d’ici à 2028. À cela, il faut ajouter l’exemption des multinationales américaines de l’impôt minimum mondial de 15%. Lors du récent sommet en Alberta, les pays du G7, ont accepté sous la pression de Trump d’en dispenser les grandes compagnies américaines, s’imposant collectivement une perte estimée à 250 milliards de dollars.

 

Ces pertes de revenu s’accompagnent d’une troisième ponction sur le budget canadien accompagnant à l’augmentation pharaonique des dépenses dans le domaine militaire décrétée par Trump. L’augmentation à 2 % du PIB, imposées par Trump aux pays de l’OTAN, augmentera ce budget canadien de 41 milliards à 62,7 milliards cette année, et à 71,8 milliards en 2029-2030, alors que l’augmentation à 5% du PIB ferait grimper les dépenses militaires du Canada à au moins 150 milliards annuellement d’ici 2035.

 

Les impacts sociaux sur le Québec.

 

Les impacts sur le Québec de cette valse des milliards sont multiples. D’une part, les mesures de rétorsion américaines incitent le gouvernement Carney à adopter ici des politiques rétrogrades semblables à celles décrétées aux USA: construction de grandes infrastructures pétrolières qui augmentent la détérioration du climat, abandon d’un rôle de promotion de la paix internationale, contrôle accru des demandeurs d’asile aux frontières, abandon de la protection des médias et de nos produits culturels contre l’envahissement des multinationales du numérique.

 

À ces politiques contraires à celles souhaitées par la majorité de la population du Québec s’ajoute un accroissement prévisible du déficit de l’État canadien pour les financer. Celui-ci est difficile à évaluer, mais on peut prévoir qu’il sera considérable. Ottawa devra faire face à des pertes de revenu combinées, à l’accroissement énorme de ses dépenses militaires et à des dépenses importantes pour soutenir les secteurs économiques touchés par les tarifs. Son déficit actuel de 40 milliards pourrait facilement doubler.

 

Pour y faire face, Ottawa ne pourra se tourner vers des augmentations de l’impôt des entreprises. La guerre tarifaire et la réduction des impôts des entreprises du côté américain incitera plutôt le gouvernement canadien à les réduire également pour éviter le transfert d’entreprises canadiennes aux USA. Il restera au gouvernement le choix entre augmenter l’impôt des particuliers ou couper drastiquement dans les transferts sociaux aux provinces, une mesure moins coûteuse politiquement qui a souvent été utilisée par le passé. Ottawa laissera ainsi aux provinces l’odieux d’expliquer les coupures de services qui en résulteront.

 

Jusqu’à maintenant Ottawa prévoyait des transferts au Québec de 29,28 milliards pour 2024-2025 répartis entre le transfert canadien en santé (TCS), 11,917 milliards, le transfert canadien pour les programmes sociaux (TCPS), 3,795 milliards, et la péréquation, 13, 567 milliards. On peut donc prévoir une baisse importante au cours des prochaines années de ces retours au Québec dans des secteurs déjà en difficulté où le gouvernement du Québec a dû imposer des compressions cette année.

 

Les coupures au TCS affecteront notamment les soins médicaux (RAMQ), les soins à domicile, les services en santé mentale, l'achat d'équipements ou d'infrastructures médicales et le soutien aux soins de longue durée. Les coupures au TCPS rendront plus difficile le soutien aux garderies subventionnées, à la protection de la jeunesse, à l’éducation postsecondaire, au logement social et communautaire ou à l’aide sociale. La baisse des paiements de péréquation, très populaire dans l’Ouest canadien, affectera également tous ces secteurs, en plus des transports, de l’environnement de la sécurité publique et du soutien économique régional.

 

La double dépendance du Québec comme province au sein d’un Canada, lui-même dépendant des États-Unis, créera une position intenable pour le gouvernement du Québec quel que soit le parti au pouvoir. Cela doit nous conduire à un réexamen de la situation du Québec au sein du Canada, seule façon de tenir compte de notre structure économique, de nos orientations sociales et de notre spécificité culturelle.

lundi 21 juillet 2025

 Le Canada, un futur protectorat américain ?

Les multiples reculs du gouvernement Carney nous entraînent sur le chemin d’idées rétrogrades.  - Le Devoir,  3 juillet 2025



Trois jours après que Trump a suspendu les négociations commerciales avec le Canada, pourtant décidées il y a deux semaines au sommet du G7, le gouvernement Carney annule l’application d’une loi canadienne qui déplaît au président américain et à ses amis du numérique. Avec la sus-pension du paiement de la taxe de 3 % sur les revenus provenant des services numériques (com-merce, publicité, médias sociaux, données des utilisateurs), les grandes entreprises étrangères comme Amazon, Google, Meta, Apple, Uber et Airbnb n’auront pas à payer leur dû à l’État canadien, soit un total de 7,2 milliards de dollars d’ici à 2028.


Alors que les pays de l’OCDE cherchent à établir une solution fiscale internationale pour que les entreprises numériques paient leurs impôts dans les pays où elles opèrent, Ottawa leur fait faux bond en annonçant l’abrogation prochaine de sa Loi sur les services numériques. Ce n’est pas une simple tactique de négociation comme le prétend Ottawa. C’est un véritable recul, un énorme recul de civilisation, en fait, qui pousse le Canada à refuser de légiférer pour protéger la culture d’ici et pour soutenir les médias québécois et canadiens mis en situation de précarité à cause dela perte des revenus que se sont appropriés les GAFAM et Netflix de ce monde.


À ce recul canadien s’ajoute la progression radicale des dépenses d’armement exigée par Trump.Le gouvernement Carney a annoncé le 9 juin que ses dépenses militaires augmenteraient à 2 %du PIB canadien dès cette année, passant de 41 milliards à 62,7 milliards en 2025 et à 71,8 mil-liards en 2029-2030. C’était la plus forte augmentation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais voilà que, deux semaines plus tard, au sommet de l’OTAN, Mark Carney s’est engagé à atteindre le seuil de 5 % du PIB exigé par Trump, ce qui fera grimper les dépenses militaires à près de 150 milliards d’ici 2035. À l’emprise des États-Unis sur les lois canadiennes s’ajoute uneemprise sur les orientations du budget canadien.


La raison officielle ? Ottawa veut réduire sa dépendance envers les ÉtatsUnis dans le contexte des tensions commerciales. Vraiment ? L’industrie militaire canadienne a une capacité de production limitée et on peut s’attendre à ce que ces milliards continuent à prendre le chemin de l’industrie d’armement américaine. Un bel exemple est le contrat d’achat des F-35, dont le coût total était estimé en 2022 à 73,9 milliards de dollars pour acquérir et entretenir pendant 45 ans une flotte d 88 chasseurs. Voilà la façon prévue par Trump pour que le Canada atteigne son 5 %, une partie de la rançon à payer pour son chantage aux tarifs.


Les orientations « trumpistes » s’installent au Canada.


En plus des répercussions de ces dépenses militaires pharaoniques, annonciatrices de nouvelles coupes dans les transferts sociaux aux provinces, l’adoption par le Canada des orientations chères à la droite républicaine américaine est en cours dans les domaines de l’énergie et de l’immigration en plus de celles sur l’armement et le numérique.


L’expression « drill, baby, drill » a encouragé un virage radical pro pétrole au sein des partis et des médias canadiens. Abolition de la taxe carbone, relaxation des évaluations environnementales et des lois de protection du climat, facilitation des grands projets d’infrastructure de pipeline et de gazoduc, c’est comme si le risque climatique avait tout à coup disparu. Tout s’oriente vers la pol-lution massive du climat par l’économie canadienne à une époque critique pour l’ensemble de l’humanité.


immigration, plus de 300 organismes au Canada et au Québec ont demandé le retrait du pro-jet de loi C-2 déposé début en juin et que certains qualifient de « souffle de trumpisme ». Ce projet va bien au-delà de la sécurité aux frontières exigée par Trump. Il élargit considérablement les pouvoirs du gouvernement canadien en matière d’immigration et du respect du droit d’asile. Il lui donne la capacité de suspendre massivement des permis de travail ou d’annuler des demandes en cours. Il modifie le contexte du droit criminel canadien en ouvrant l’accès aux informations privées des personnes, quel que soit leur statut migratoire, à la police et aux services de renseignement.


Un Canada passif devant l’envahissement des géants numériques, multipliant les investissements publics dans le militaire et le pétrole aux dépens de la protection sociale des personnes et du climat, est-ce là l’avenir du Québec comme province dans un Canada de plus en plus dépendant des orientations culturelles et politiques rétrogrades made in USA ? 

mardi 28 mai 2024

L’accession du Québec à l’indépendance - Le référendum n’est ni le seul ni le meilleur moyen.

Depuis l’élection de 1976 s’est accrédité dans l’imaginaire québécois l’idée que le référendum serait le seul moyen pour le Québec d’accéder à son indépendance politique. Cette question revient à l’avant-scène maintenant que le Parti québécois a décidé d’assumer son option indépendantiste d’ici la prochaine élection, en annonçant qu’il le ferait par un référendum dont le moment n’est pas précisé.

Contrairement à la croyance populaire, le passage obligé par un référendum sur l’indépendance ne date pas de 1973, mais de l’élection de 1976, date où René Lévesque conseillé par Claude Morin, l’inscrivait dans la plateforme électorale de son parti. Plutôt que d’accéder à l’indépendance par suite d’élections comme c’était le cas depuis la fondation du parti, il proposait à la population « un vrai gouvernement » qui tiendrait un référendum sur la souveraineté-association au cours du mandat. La décision étant reportée plus tard, un électeur pouvait désormais voter pour le PQ à l’élection sans soutenir son option fondamentale.

Ce choix stratégique du chef du Parti québécois était contraire au programme de son parti (édition de 1975) adopté par le Congrès national de 1974 [1]. On pouvait y lire : « C’est le peuple en régime démocratique, qui détient le pouvoir de décider par le mécanisme du vote. C'est donc par ce processus démocratique accepté de tous que le Québec à la suite d'une élection, réalisera sa souveraineté politique. » Puis à l’article 1, le gouvernement s’engageait à : « Mettre immédiatement en branle le processus d'accession à la souveraineté en proposant à l'Assemblée nationale, peu après son élection, une loi autorisant à exiger d'Ottawa le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs (…) ». Le référendum n’apparaissait que plus tard, à l’article 2, pour n’être utilisé comme moyen de pression si le Québec devrait procéder par une déclaration unilatérale d’indépendance.

Le choix référendaire de 1976 n’est pas un dogme. Il doit être remis en question par la nouvelle génération d’indépendantistes, à la lumière de l’évolution du Québec et du régime canadien des cinquante dernières années. Le Québec peut et doit réaliser son indépendance politique le plus tôt possible, par une élection.

Comme l’explique le constitutionnaliste André Binette dans un récent article, le choix d’attendre à un référendum « est un choix stratégique qui n’est aucunement dicté ni par le droit international, ni par le droit canadien. Il n’existe aucune obligation juridique de tenir un référendum pour accéder à l’indépendance. » [2] Le référendum ne fait qu’exprimer la volonté du peuple québécois à un moment donné. Il peut servir de moyen de pression politique opportun ou pour adopter la constitution d’un pays. Mais pour être concrétiser l’indépendance, un référendum gagnant doit être suivi soit d’une entente avec le Canada, soit d’une déclaration unilatérale d’indépendance de la part de l’Assemblée nationale du Québec. Ces deux conclusions de la démarche d’émancipation du Québec seront nécessaires, que le Québec y arrive par référendum ou par suite d’une élection sur l’indépendance.

La voie électorale vers l’indépendance suppose que cette option est placée au cœur de la campagne électorale d’un parti, ou de plusieurs, qui demandent à la population un mandat de la réaliser. À la suite de cette élection, un de ces partis pourrait cependant former le gouvernement sans recueillir la majorité des voix exprimées, comme c’est le cas du gouvernement actuel de la CAQ élu en 2022 avec 41% des votes exprimés.  À la prochaine élection, un parti élu avec 40% des voix pourrait entreprendre la réalisation de l’indépendance. Il pourrait encore mieux y arriver avec l’appui d’un autre parti appuyant l’indépendance et ayant recueilli plus de 10% des voix, de sorte que le gouvernement dispose d’un appui majoritaire de la population. 

La voie électorale est non seulement possible au Québec dans la situation actuelle, mais elle est hautement préférable à un référendum, pour plusieurs raisons que j’ai exposées en détail dans un récent essai [3].

L’Histoire récente nous a montré qu’un projet politique qui n'occupe pas l'espace public pendant les périodes électorales ne peut progresser, car c’est à ce moment-là que les gens s’intéressent à la politique. Au cours des sept élections ayant suivi le référendum de 1995, la question de l’indépendance a été constamment évacuée des élections pour un référendum ultérieur ou carrément refoulée à un autre mandat électoral. Résultat : l’appui populaire à l’option fait sur surplace, alors qu’elle était majoritaire au lendemain du référendum de 1995. En proposant des mesures dans un cadre provincial limité, les indépendantistes ont ainsi accrédité ainsi les croyances que l’indépendance était soi-disant nuisible à leur élection ou non nécessaire au progrès du Québec.

En repoussant l’indépendance à un futur référendum, une fois au gouvernement, les indépendantistes se sont heurtés à une multitude de problèmes. Au Canada aucune compétence du Québec n’étant désormais à l’abri du pouvoir de dépenser d’Ottawa ou de celui des tribunaux, ils ont dû multiplier les luttes défensives qui ont monopolisé leurs ressources. Comme l’ont démontré les trois gouvernements indépendantistes élus depuis 1976, il restait peu de temps pour promouvoir l’indépendance.

Les reports et les tergiversations des indépendantistes au cours des 30 dernières années ont miné peu à peu la confiance envers l’outil référendaire. Bien qu’une majorité des gens pensent que le Québec a le droit et les moyens d’être un pays, une minorité seulement croient que cela deviendra possible.

Il faut restaurer la confiance par une démarche tout aussi directe que celle de Jacques Parizeau, expurgée de faux-fuyants et d’échéances lointaines. L’objectif n’est pas de tenir un 3ème référendum, mais de mettre en route bientôt la démarche qui fera du Québec un pays. L’évolution du régime canadien nous indique qu’il est plus qu’urgent de le faire


[1] Programme du Parti québécois, 1975, L’accession à l’indépendance.

[2] André Binette, Note sur le mode d’accession à l’indépendance, L’aut’journal 10 mai 2024

[3] Gilbert Paquette, Le sens du pays, Éditions Liber, 2020, page 161 à 177.

jeudi 28 mars 2024

LE CONTRÔLE DE SON IMMIGRATION PAR LE QUÉBEC, C'EST NON !

Le premier ministre Legault a rencontré son homologue Trudeau le 14 mars dernier où il a de nouveau quémandé les pleins pouvoirs en immigration. Il s’est fait répondre un NON retentissant. « Nous n’allons pas donner plus de pouvoirs [au Québec] en immigration. Le Québec a déjà plus de pouvoirs en immigration que n’importe quelle autre province. » Vu d’Ottawa, le Québec devrait être une province comme les autres.

Maintenant que la pénurie de logements et le débordement des services publics ont été reconnus partout au Canada, il est devenu évident que l’objectif annuel d’Ottawa de 500 000 immigrants permanents, est un dangereux fantasme « canadian » incompatible avec la capacité d’accueil du Québec (ainsi que celle du Canada d’ailleurs), contribuant fortement à la défrancisation du Québec, particulièrement à Montréal.

Pendant que l’immigration permanente dépasse les capacités du Québec, l’immigration temporaire explose. Au Québec, le nombre d’immigrants temporaires a bondi de 46% en un an pour l’ensemble des catégories, passant de 361 000 à 528 000 selon les dernières données de Statistique Canada.

À la suite de Trudeau, son ministre de l’Immigration, Marc Miller, a déclaré qu’il n’est pas près de confier au Québec le pouvoir de sélectionner les travailleurs temporaires admis au Québec en vertu du Programme de mobilité internationale (PMI), ni celui de fixer l’exigence du français dans les critères de sélection de tous les travailleurs temporaires. Alors que le Québec réclame toujours un milliard de dollars pour les coûts de demandeurs d’asile, le ministre affirme que « ça va prendre une meilleure ventilation que celle qui a été faite ».

Comme cela a été dit et redit, seul un pays indépendant peut contrôler son immigration. Il est urgent que les Québécois en tirent la conclusion logique.

dimanche 10 mars 2024

Camille Laurin : la vision et la détermination

Le 25ème anniversaire du décès de Camille Laurin

Camille Laurin : la vision et la détermination

 

Le 11 mars 1991, Camille Laurin nous a quittés ! C’était hier, tant sa vision, ses valeurs, ses réalisations, son héritage ont marqué le paysage politique du Québec, et marquent encore ceux qui l’ont côtoyé à un moment ou l’autre de sa vie.

Son amour du Québec, sa foi dans l’indépendance de notre nation, sa soif de justice sociale, sa fidélité à ses engagements, son calme, sa détermination et son courage dans l’action politique nous ont inspirés, ceux qui comme moi, étaient de la génération qui suivait, mais tellement proches de sa vision et totalement engagés avec lui dans ce vaste projet de nous donner un pays.

Le soir du 15 novembre 1976, j’étais avec lui sur la scène du centre Paul-Sauvé, derrière René Lévesque, déterminés à faire naître ce pays. En novembre 1984, huit ans plus tard, nous étions, lui et moi dans un studio de Radio-Canada, annonçant notre démission d’un conseil des ministres qui s’engageait dans un soi-disant « beau risque » qui allait bloquer pour longtemps l’avenir du Québec.

Entre ces deux moments, j’ai eu l’honneur de participer à plusieurs de sprojets de Camille Laurin. Je veux ici raconter deux de ces moments de l’action politique de Camille Laurin qui auront marqué l’histoire du Québec, et aussi en dégager un certain nombre d’enseignements pour la suite du chemin qu’il nous reste à parcourir.

La Charte du français

En élaborant la loi 101, Camille Laurin avait décidé de convier la nation québécoise, non seulement à la correction des iniquités faites aux francophones, mais à une véritable thérapie nationale, qui ne pouvait mener qu’à une prise en charge de notre avenir comme peuple.

Le débat fut long et difficile au conseil des ministres, bien avant celui dans la population. Certains ministres prétendaient que « le gouvernement allait trop vite, que la population ne pourra pas suivre ». Quant au premier ministre, il expliquait publiquement « qu’un peuple normal doté d’un vrai pays n’a pas besoin d’imposer sa langue ». Alors que René Lévesque croyait que le problème se règlerait de lui-même lorsque le Québec serait souverain, Laurin, au contraire, affirmait que l’affirmation du français était nécessaire à l’accession à la souveraineté.

Souple sur les modalités mais inflexible sur les principes, Laurin a maintenu le cap à l’encontre d’une partie de ses collègues, accueillant par la suite avec fatalisme les réactions anglophones, qui parlaient de « génocide culturel » et de celles des francophones qualifiant la loi 101 de « politique discriminatoire ». Malgré tout ce battage, mélange de craintes non fondées, de contre-vérités et de procès d’intention, Laurin demeurait inflexible. Lorsque le projet sera adopté, le 26 août 1997, les sondages révèleront un appui de près des deux tiers des francophones du Québec à la Charte de la langue française.

La nécessaire souveraineté

Plus tard, à l’approche de l’élection de 1985, il fallait clarifier la position du parti sur l’indépendance, mise en veilleuse par le gouvernement en 1981 au lendemain du référendum. L’exécutif du Parti québécois, avec l’accord de René Lévesque, avait adopté une résolution affirmant que les prochaines élections porteraient sur la souveraineté dans le but de la réaliser au cours du prochain mandat.

Lorsque la résolution arriva en plénière du congrès de juin 1984, neuf ministres allèrent au micro des « pour » dont Camille Laurin, Jacques Parizeau et le soussigné. Elle fut acceptée avec une très forte majorité. Mais dès la fin du congrès, les ministres qui souhaitaient au fond la mise en veilleuse de la souveraineté au cours de la prochaine élection se déchainèrent : « suicide collectif programmé », « antidémocratique ! ». De juin au début novembre, la scission s’accentua, le clan Johnson s’engouffrant dans la réforme constitutionnelle du fédéralisme offerte par Brian Mulroney. Camille Laurin, lui, entreprit d’utiliser sa crédibilité et sa force de persuasion pour rétablir les ponts et faire en sorte que la prochaine élection porte sur l’accession du Québec à sa souveraineté.

René Lévesque mit fin au débat le19 novembre: « la souveraineté n’a pas à être l’enjeu de la prochaine élection ni en totalité, ni en parties plus ou moins déguisées, ni directement, ni encore moins par une replongée dans la tentation de vouloir amorcer à la pièce quelque processus que ce soit. »  Cette position, Camille Laurin ne pouvait l’accepter. Elle impliquait son départ du conseil des ministres.

Jusqu’au congrès spécial de janvier 1985, convoqué pour appuyer le nouveau crédo fédéralisant, il allait combattre avec nous cette dérive dans les assemblées du parti. Appuyés par seulement le tiers des délégués, Nous allions quitter le parquet pour fonder un mouvement, le Rassemblement démocratique pour l’indépendance, qui favoriserait le retour de Jacques Parizeau à la tête du parti en 1989. Camille Laurin allait à nouveau s’y engager.

Camille Laurin nous aura montré la voie de la détermination, de la fidélité et de la résistance aux pressions. Le combat de sa vie nous inspire devant le projet de faire du Québec un pays, une indépendance plus que jamais nécessaire pour consolider notre langue, nos valeurs et notre identité nationale.

lundi 26 février 2024

L'Intelligence artificielle au Québec: Un défi culturel

La stratégie du Québec en IA proposée dans le récent rapport du Conseil de l'innovation du Québec doit d'abord et avant tout soutenir la spécificité culturelle du peuple québécois. Elle doit intégrer les objectifs et les propositions du récent rapport du Comité-conseil sur la découvrabilité des contenus culturels. La souveraineté culturelle du Québec à l’ère du numérique dépend en effet de l’accès à nos productions culturelles sur les réseaux de diffusion numérique, et cet accès sera fondé de plus en plus sur l’utilisation des informations fournies par les moteurs de recherche d’intelligence artificielle.

La myopie culturelle d'une IA. 

Bien qu’ils soient multilingues, les outils d’IA générative maîtrisent moins bien les langues autres que l’anglais. Ils s’alimentent principalement des données du Web où les publications de l’anglosphère dominent, ce qui implique un biais culturel qui défavorise la culture québécoise et plus généralement les produits culturels de langue française. 

Les outils d’IA générative comme ChatGPT (Microsoft) ou Gemini (Google) sont fondés sur un grand modèle de langue (un LLM) qui produit une représentation « compressée » afin que l’IA puisse générer ses réponses. Les textes originaux complets sont perdus, et l’IA produit une réponse, sans avoir la capacité de distinguer le vrai du faux.

Plusieurs ont noté l’invention d’histoires fictives relativement aux réalités québécoises. Dans un dialogue récent avec ChatGPT (note 1), cette IA affirme que « L’une des reprises les plus célèbres du groupe Beau Dommage est La complainte du phoque en Alaska par Mario Pelchat ». Mais est-ce bien là la plus célèbre ? Il affirme ensuite qu’elle a été reprise par Michel Louvain (ce qui est faux) et que Félix Leclerc n’a pas repris cette chanson (ce qui est également faux)

Le logiciel se trompe parce dans son modèle de langue il existe un lien entre Beau Dommage et Michel Louvain, obtenus par apprentissage à travers un corpus de textes glanés sur la Toile, forcément plus réduit que celui sur la musique américaine. Mais son modèle ne possédant pas de lien entre Beau Dommage et Félix Leclerc, il affirme avec assurance une fausseté.

Des projets mobilisateurs pour le Québec

Un premier projet mobilisateur d’une stratégie québécoise en IA devrait être est la création d’un LLM, prenant en compte la spécificité culturelle du Québec. Ce grand modèle de langue pour l’IA générative serait entraîné à l’aide de textes spécifiques à la culture et à la langue québécoises. À cet égard, nous pourrions nous inspirer d’une initiative récente de la Suède (note 2) qui a entrepris de se doter d’un modèle de langue entraîné à partir de textes dans les langues scandinaves disponibles sur les réseaux.

Entraîner un grand modèle de langue comme ChatGPT demande de vaste entrepôts de données et des capacité de calcul hors de la portée financière des entreprises émergentes et des chercheurs, ce qui favorise la domination des grandes entreprises du numérique qui disposent de larges entrepots de données. Un autre projet mobilisateur consisterait à mettre en place une infrastructure nationale de calcul dédiée à l’IA.

Le Québec est l’une des sociétés à la pointe de la recherche IA (note 3). Mais comme le montre une étude récente de l’IREC (note 4), la majorité des projets financés ces cinq dernières années par le Québec ont subi une prise de contrôle par des entreprises hors Québec. La future stratégie en IA devra mobiliser l’ensemble de nos instruments financiers, dont Investissement Québec, la Caisse de dépôt du Québec et le Mouvement Desjardins, pour favoriser la création d’entreprises d'ici en IA, tout en assortissant l’aide gouvernementale de conditions favorisant la pérennité des composantes de l’écosystème IA du Québec.

Les grandes entreprises du numérique engagées dans la course à l'IA tendent à homogénéiser culturellement notre planète. De plus, la dépendance politique du Québec envers le Canada anglophone nous prive d'un forte partie de nos moyens d'action. Il nous faudra les récupérer pour assurer l’avenir d’un Québec technologiquement avancé capable de protéger et de développer sa culture nationale.



  1.  Claude Coulombe, L’intelligence artificielle au Québec, magazine OUI Je le veux!, janvier 2024.
  2. GPT-SW3 dans le rôle de Klara, l’amie artificielle. https://medium.com/ai-sweden/gpt-sw3-as-klara-the-artificial-friend-e0cdb50aab75
  3. Tortoise Global AI Index.  https://www.lapresse.ca/affaires/techno/2022-03-09/intelligence-artificielle/le-quebec-se-classe-7e-au-monde.php
  4. Alain McKenna, « La stratégie québécoise en IA est un échec », Le Devoir, 25 février 2022. https://www.ledevoir.com/economie/678933/la-strategie-quebecoise-en-intelligence-artificielle-est-un-echec


jeudi 9 novembre 2023

La filière batterie et l’arrosage des plantes.

Le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, soutient qu’il aurait été superflu pour son gouvernement d’obliger les entreprises de la filière batterie à s’approvisionner chez des fournisseurs québécois, car cela se fait naturellement. « Toutes les composantes qui vont faire les cellules, les cathodes, viennent toutes du terroir québécois », a assuré le ministre en point de presse récemment. 

Le ministre, avec son arrogance habituelle nous invite à « comprendre comment fonctionnent les projets industriels ». Justement, nous comprenons très bien que les entreprises prendront leur ressources, matérielles, énergétiques, humaines là où elles contribueront à maximiser leurs profits. Les décisions seront prises à la faveur d’entente internationales dans une économie mondialisée en constante évolution. Rien ne garanti que ce qui peut être avantageux maintenant pour une entreprise implantée au Québec le sera dans deux, cinq ou dix ans. Les exemples de changement de cap abondent partout. 

Il nous révèle le fonds de sa pensée : « Une plante, on est mieux de l’arroser, pour qu’elle pousse, que de tirer dessus. » En fait, le gouvernement a écarté l’idée d’exiger un minimum de contenu québécois aux entreprises de la filière batterie (Northvolt, GM et Ford) de crainte de perdre les projets ou d’hypothétiques poursuites en vertu des lois de commerce international. Cela augure mal quant à la réalisation du plan pharaonique de développement d’Hydro-Québec sous la responsabilité du même ministre, notamment dans le développement de l’énergie éolienne. 

Le ministre Fitzgibbon l’ignore peut-être mais sa boutade sur l’arrosage des plantes origine de Claude Morin, le père de l’étapisme. On a tellement bien arrosé la plante de l’indépendance pendant 25 ans que celle-ci était presque noyée jusqu’à ce qu’on la mette à nouveau au soleil.


vendredi 28 juillet 2023

L'Intelligence artificielle, risque démocratique.

On a bien vu lors de la récente pandémie les effets pervers que pouvaient avoir les médias sociaux en facilitant la propagation d’opinions extrêmes mal fondées. Maintenant, arrive l'intelligence artificielle générative (ChatGPT) dotée de bien plus grandes capacités de transformation sociétales. Aux mains d’acteurs mal informés ou mal intentionnés, l’IA peut faire dévier le débat démocratique C’est l’opinion exprimée par Danielle Allen, dans le Washington Post du 26 avril 2023. Celle-ci pose une question vitale : « Une démocratie saine pourrait régir cette nouvelle technologie et en faire bon usage d'innombrables façons. Elle développerait des défenses contre les personnes qui l'utiliseraient de manière contraire au bien commun. Elle envisagerait la transformation économique qu’elle engendre et commencerait à élaborer des plans pour faire face à un ensemble de transitions rapides et surprenantes. Mais notre démocratie est-elle prête à relever ces défis de gouvernance ? ».

J'énumère ici quelques uns des risques importants pour la démocratie de l'usage de l'IA lorsqu'utilisée des personnes mal intentionnées ou mal informées.

La propagation de la désinformation. Les technologies d’IA générative (IAG) peuvent produire d’énormes quantité d’images et de textes, renforçant ainsi certaines opinions plutôt que d’autres. Le problème n'est pas seulement le risque de campagnes massives de désinformationElles peuvent propager beaucoup de fausses informations, perturber les processus de consultation publique sur les lois et les réglementations, inonder les législateurs d'une sensibilisation artificielle à certaines opinions de l’électorat, aider à automatiser le lobbying des entreprises ou même écrire des lois favorisant des intérêts particuliers. 

La perte de contrôle des outils d'IAG. Une forte centralisation des décisions relatives à l'IAG survient à cause de la masse énorme de données nécessaires aux systèmes d’IA dont l'accès et le traitement n'est possible qu'à un petit nombre d’organisations. Actuellement, pour la première fois dans l’histoire, cinq entreprises, les GAFAM, présentent une capitalisation boursière américaine dépassant les mille milliards de dollars US et monopolisent le développement de l'IAG. 

L’opacité de la prise de décision. Dans un contexte de défiance de plus en plus prononcé des populations envers l’appareil politique, une université espagnole a réalisé en 2019 un sondage demandant aux Européens s’ils seraient prêts à laisser une intelligence artificielle prendre des décisions importantes pour l’avenir de leurs pays; 25 % des Français y étaient favorables, 30 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas. Or les recommandations des systèmes d’IA reposent sur l’apprentissage profond dont les processus sont naturellement opaques et ne peuvent être expliqués aux administrés, contredisant la transparence et la responsabilité que l’on réclame de nos gouvernants.

Les biais discriminatoires. Les milliards de données nécessaires à l'entrainement des IAG portent des sont fournies en plus grand nombre par les personnes ou les groupes qui en produisent le plus. Il est difficile aux concepteurs de l’IA d’éviter que leurs systèmes fournissent des recommandations basée sur des préjugés ou les diverses formes de discrimination présentes dans les données d’entrainement.

Il faut insister sur l'urgence d'agir auprès de notre gouvernement. Notre statut de province fait en sorte que la responsabilité des communications relève actuellement d'Ottawa. Le gouvernement canadien a déposé, dans le cadre du projet de loi C-27, une trop brève Loi sur l'intelligence artificielle et les données. Celle-ci vise à établir « un juste équilibre entre la protection de la population canadienne et les impératifs liés à l’innovation » mais elle laisse essentiellement le soin aux organisations de s'autoréguler, ce qui n’offre aucune garantie. À l’image des médicaments en santé, un gouvernement responsable devrait établir un processus rigoureux d’approbation des systèmes avant leur diffusion, tout en élaborant une politique d’investissement orientée vers les applications les plus utiles au bien commun, et favorisant l’éducation de la population à l’usage de ces technologies.


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