vendredi 20 mars 2020

Pandémie - Retrouver l'essentiel.

Comme la plupart d'entre nous, en ces temps de pandémie,  je suis confiné à la maison avec tout le temps de lire, d'écrire et surtout de penser à ce qui est vraiment essentiel. Lorsque la santé est menacée, lorsque la vie est en péril, lorsque la mort peut frapper on ne sait qui, où et quand, on dirait qu'il est plus facile de retrouver les valeurs essentielles, la lutte contre les dominations et la nécessaire solidarité.

Une chose me frappe d'abord: la solidarité internationale qui se manifeste partout. C'est comme si le danger engendrait cette solidarité parce que nous avons un ennemi commun, invisible, mais que nous devons combattre ensemble. Quelle que soit la région ou le pays, quel qu'en soit le régime politique, quel que soit l'emprise du fanatisme qu'on y subit, on s'inquiète de ce qui se passe ailleurs, par exemple en Iran. La Chine d'où origine la pandémie  applique des mesures drastiques, s'en sort et aide l'Italie qui passe par le pire de la crise.  J'ai vu hier une vidéo où un italien avait installé son clavier sur le balcon, accompagné d'un saxophoniste sur un autre balcon et, ailleurs, de gens qui chantaient.

Solidarité nationale aussi, car s'il y a une chose, quand une crise frappe, on s'en remet à nous, à notre solidarité nationale, à notre État nation. Les Québécois s'en remettent à leur État national, à Québec. Les autres Canadiens , s'en remettent à leur état national, à Ottawa. Ici, au Québec on regrette de ne pouvoir contrôler nos frontières, notre économie, nos relations internationales pour prendre toutes nos responsabilités nous-mêmes, au lieu d'attendre le gouvernement des autres. Cela viendra !




samedi 1 février 2020

Le PQ peut-il être un actif pour l'indépendance ?

La course à la direction du Parti québécois démarre aujourd'hui, 1er février 2020. Pour le moment trois candidats sont en lice. Peut-être seront-il bientôt quatre ou cinq. On dit que la nature a horreur du vide. Mais allons-nous retrouver à la fin de la course un parti capable de remplir le vide. Allons-nous entendre une vision et un discours capable mobiliser, qui met de côté  les tergiversations, l'attentisme, le provincialisme qui ont caractérisé l'histoire de ce parti ces 25 dernières années.
         La vraie question à laquelle les candidats à la direction du PQ devront répondre le 19 juin prochain est la suivante:  lors de la prochaine campagne électorale de 2022, et les suivantes si nécessaire, ce parti osera-t-il demander à la population un mandat de réaliser l'indépendance du Québec?


Pour le moment, les propositions des candidats à la chefferie oscillent entre négocier un rapatriement de pouvoirs au Québec avec Ottawa selon Frédéric Bastien ou tenir un référendum dans un premier mandat gouvernemental selon Paul St-Pierre Plamondon. Ce dernier a effectué un virage de 180 degrés par rapport à sa position de 2016 qui repoussait à tort le référendum dans un deuxième mandat. Quant au député Sylvain Gaudreau, il vient de se rallier à un référendum dans un premier mandat, après avoir jugé l'engagement de PSPP "prématuré" parce qu'il faut "prendre acte également que selon les récents sondages, l'indépendance est à 25% ou 30%, au mieux". Voilà un départ pour le moins "oscillant".      Peut-on bientôt savoir sur quoi porterait ce référendum ou ces négociations avec Ottawa ?

       Ces positions ne sont pas nouvelles et elles passent totalement à côté de la question. J'ai été candidat à la direction en 2005, au moment où le PQ venait d'adopter un programme proposant un projet de pays et un référendum tôt dans un premier mandat. Nous étions 9 candidats, la plupart appuyant à fond ce programme. Une fois élu, André Boisclair mit de côté ce programme voté par les membres au profit d'une plateforme électorale faite de mesures réalisables par une province. Pendant cette campagne, il parla peu d'un éventuel référendum, encore moins des raisons d’en tenir un, de l’urgence ou de la nécessité de la souveraineté et pas du tout de ce que la souveraineté permettrait de faire, soit un projet de pays. Lorsqu’un journaliste l’interrogeait sur le référendum à venir, il préférait répondre « l’indépendance n’est pas l’objet de cette campagne. On en parlera lors du référendum » ; et il n’était pas question que ce soit « le plus tôt possible au cours du premier mandat » comme le voulait le programme du Parti. En 2007, le PQ  fit une campagne provincialiste, comme dans  les sept élections depuis 1995; et ses appuis commencèrent à dégringoler.
         On comprend l'inquiétude de la présidente du comité des jeunes du Parti québécois, Frédérique St-Jean demandant que son parti puisse  "réassumer totalement son option indépendantiste même si cela le mène vers une défaite encore plus importante que celle d'octobre 2018".  La vraie question concerne un changement profond d'orientation quant à  la réalisation de l'indépendance qu'on ne voit pas poindre à l'horizon. Le Parti québécois aura-t-il le courage et la vision de se redéfinir, d'amorcer une refondation à la fois quant au contenu de l'indépendance et quant à la démarche pour réaliser celle qu'il n'a pas réussi à faire à son congrès spécial de novembre 2019 ? Si le passé est garant de l'avenir, il faudra compter sur d'autres instruments que le Parti québécois pour remettre le cap sur l'indépendance.



lundi 27 janvier 2020

On est bons au Québec en mathématiques !

Dans un article ce matin de la revue l'Actualité, l'économiste Pierre Fortin souligne les excellents résultats des jeunes québécois en mathématique dans la dernière enquête PISA administrés dans 79 pays. Cette enquête a rejoint 600 000 étudiants de 15 ans, cont 22 400 au Canada et 4 500 au Québec.

On est bons en mathématiques, et même très bons ! Le graphique ci-contre parle de lui-même. Les étudiants du Québec se classent troisième, devancés uniquement par ceux de Singapour et de la Chine, devant ceux du Japon et de la Corée du sud. Ce n'est pas rien !

Les étudiants du Québec sont loin devant ceux du Canada hors-Québec, des États-Unis, et des cinq plus grand pays européens.

Le Québec occupe ce troisième rang mondial non seulement cette année-là mais dans les quatre dernières éditions de cette enquête internationale, ce qui démontre la stabilité de cette performance des jeunes québécois.

On peut en être fier, car on voit le résultat des efforts consentis au cours des dernières décennies par le Québec pour réorienter l'enseignement des mathématiques en l'axant sur la résolution de problème. J'en suis particulièrement fier puisque j'ai dirigé le premier programme de la Télé-université (PERMAMA) consacré au perfectionnement des maîtres en mathématique dans les écoles du Québec. Ce programme a permis de former la moitié de tous les profs de mathématique de l'enseignement secondaire en exercice et surtout de réorienter les méthodes d'enseignement dans cette matière qui étaient alors axés principalement sur la mémorisation des formules. Merci à tous ceux et celles qui depuis ce temps se sont consacré à former nos jeunes à cette importante matière.

samedi 14 décembre 2019

L’ACEUM: les limites du Bloc et de la CAQ dans la défense du Québec.

Le Bloc et la CAQ sont malheureusement sans rapport de force devant le gouvernement canadien. Leur abandon du projet d’indépendance les a conduit à un nationalisme impuissant, incapable de défendre le Québec. Rien n’illustre mieux la vacuité du « nationalisme provincialiste » que professent ces deux formations que leur position sur l’entente de libre-échange nord-américaine (ACEUM), laquelle protège le secteur de l’acier, concentré en Ontario, mais pas l’aluminium où 8 des 9 alumineries canadiennes sont implantées au Québec.

 Suite à sa rencontre avec Justin Trudeau cette semaine, le premier ministre Legault, a demandé à Yves-François Blanchet et au Bloc « d’appuyer l’accord, de ne pas retarder les travaux, de ne pas faire d’obstruction parlementaire, pour que ce soit adopté rapidement ». Pourquoi ? Parce que l’entente de libre échange nord-américaine serait un gain pour le Québec, même dans le cas de l’aluminium et on oublie pour le moment la gestion de l’offre. 

Ce conflit entre deux partis censés défendre les intérêts du Québec dans le Canada met d’abord en évidence la stratégie tordue du Bloc qui consiste à représenter à Ottawa les consensus d’une Assemblée nationale dominée par deux partis fédéralistes. Or le gouvernement de la CAQ et l’opposition officielle du parti libéral ont même la position : endosser l’entente. Que devient la position du Bloc chaque fois que ces partis préfèreront s’aligner avec le gouvernement canadien. Qu’arrivera-t-il aussi lorsqu’après s’être fait dire non par Ottawa sur chacune de ses demandes, le gouvernement de la CAQ décidera que son image de bon joueur au sein du Canada exige qu’il soit de plus en plus conciliant. 

Sur le fond de la question, le Bloc a toutefois raison de maintenir « que nos travailleurs de l’aluminium aient droit à la même protection que les travailleurs de l’acier, quitte à renégocier l’accord ». Comment expliquer ce refus de François Legault de le faire, de masquer ainsi la faiblesse d’Ottawa à défendre le secteur de l’aluminium québécois dans les négociations de l’ACEUM. Cette entente représente-t-elle un gain pour le Québec ?

On se rappellera qu’en décembre 2017, le président américain Donald Trump avait annoncé une série de taxes sur divers produits, dont des droits d'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Le Canada, le Mexique et l'UE avaient d’abord été exemptés en mars 2018, exemption levée le 31 mai, ces taxes punitives entrant en vigueur comme moyen de pression direct sur les pourparlers de l'Accord de libre-échange nord-américain qui, selon les américains, n’avançaient pas à leur goût. Là se trouve le soi-disant gain : on aurait empêché une perte, l’entrée en vigueur de taxes punitives, aussi néfastes pour le Canada que pour les Etats-Unis ou le Mexique. 

L’accord prévoit maintenant que 70 % des pièces d’acier ou d’aluminium utilisés dans la fabrication d’automobiles devront désormais être d’origine nord-américaine. Mais là où l’accord précise que l’acier doit être « fondu et coulé » en Amérique du Nord pour se qualifier, rien n’est prévu pour l’aluminium. Or, le Mexique importe de l’aluminium de la Chine et le transforme chez lui. Il devient ainsi de l’aluminium nord-américain, entrant en compétition avec l’aluminium québécois, dans un pays où les salaires sont moins élevés.

Le Bloc a raison de vouloir se battre mais le gouvernement du Québec le laisse tomber et ce n’est pas le NPD, avec un seul député au Québec, ou les conservateurs, axés sur les préoccupations pétrolières de l’Ouest canadien qui vont l’aider  à Ottawa. Le Bloc n’a aucun rapport de force. Pourrait-il au moins expliquer aux Québécois pourquoi ? Pourrait-il expliquer que les prochaines fois, il faut que le Québec soit à la table de négociation des accords économiques internationaux le concernant et que, pour cela, il doit être un pays. Pourrait-il enfin expliquer que la meilleure façon de défendre les intérêts du Québec, c’est que le Québec s’en occupe lui-même !





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