lundi 7 décembre 2015

Épisode 1: La mort annoncée du Bloc québécois

Je commence aujourd'hui une chronique en quatre épisodes de la campagne électorale canadienne à laquelle j'ai participé comme candidat du Bloc québécois dans Lasalle-Émard-Verdun.

          La remise en question de l’existence du Bloc québécois par les adversaires de l'indépendance n’est pas nouvelle. Elle a eu peu de prise sur l’opinion publique jusqu’en 2011. Pendant 18 ans, à travers les élections de1993 à 2008, le Bloc québécois a obtenu la majorité, et parfois jusqu'aux deux-tiers des 75 sièges du Québec au Parlement canadien. À chacune de ces élections, les québécoises et les québécois appuyant l’indépendance ont presque tous voté pour un candidat du Bloc québécois.
          À l’élection de 2011, ce qu’on a appelé « la vague orange » a balayé le Québec. 59 députés du NPD de Jack Layton y était élus, la plupart inconnus du public, certains ne parlant même pas le français. L’organisation du NPD était inexistante au Québec et son programme politique, pratiquement inconnu. Cette défaite cruelle et difficile à expliquer a donné lieu à ce qu’il faut bien appeler un discours démissionnaire de la part de trop d'indépendantistes. Au lieu de résister et de rebâtir, on a commencé peu après 2011 à entendre un discours défaitiste: "la présence du Bloc à Ottawa nuisait à la souveraineté"; "il fallait concentrer nos énergies uniquement sur la scène québécoise". Cette réaction cachait mal déjà cette peur chronique de perdre les élections qui inhibe la promotion de l’indépendance depuis 1995.
         Pour la première fois en 2015, la remise en question de la pertinence du Bloc n'allait plus être l'apanage des adversaires, mais provenir des rangs indépendantistes eux-mêmes. De la sorte, à la fin de l’été 2015, la campagne du Bloc démarrait en mode survie. Certains sondages indiquaient la possibilité qu’aucun député du Bloc ne soit élu. Dans les médias, pendant tout le début de la campagne jusqu’aux débats télévisés, on annonçait la mort du Bloc québécois. Cette atmosphère morbide plaçait la campagne du Bloc sur la défensive. 
         Dans le dernier droit de la campagne, suite aux débats télévisés, le Bloc commençait à remonter la pente. Mais le début de campagne avait fait son œuvre, de sorte que presque partout, la mobilisation des comités électoraux se limitait à quelques personnes, toutefois déterminées à faire mentir les prédictions. Nous allions renvoyer dos à dos médias, adversaires et indépendantistes "stratégiques".

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