Qu'est-ce qui a bien pu piquer Bernard Landry, Joseph Facal, Jean-François Lisée et François Rebello, personnes habituellement au jugement sûr, pour qu'ils embarquent dans la chaloupe des contre-réformistes de l'éducation sur la base de données internationales peu fiables?
Je ne discuterai pas trop de l'effet de bord médiatique qui a rejoint Pauline Marois, faisant l'affaire bien sûr de nos adversaires qui s'imagine que cela fera très mal. Ils ont tort! Je suis de ceux qui pensent que la réforme que Pauline Marois a initié était dans la bonne direction. Cela finira bien par prévaloir.
Mon domaine de recherche à l'Université porte justement sur la représentation des connaissances et des compétences. J'ai publié trois livres et d'innombrables articles sur la question. J'ai développé avec mon équipe des profils de compétence dans les milieux de travail. J'enseigne qu'une compétence est une habileté générique (comme mémoriser, transposer, analyser, synthétiser, évaluer, etc...) LIÉE à une connaissance. Cette habileté transcende les matières (elle est transversale) mais elle s'apprend EN MÊME TEMPS que la connaissance d'un domaine. Il est même fort utile pour un étudiant s'exercer divers types de compétences pour mieux apprendre une connaissance précise dans quelque domaine que ce soit.
Opposer "connaissance" et "compétences", c'est ne pas avoir réfléchi beaucoup à l'apprentissage. Les compétences concernent la mise en oeuvre, les façons d'utiliser lesconnaissances. Si un élève "connaît" les règles de grammaire au point d'être capable de les répéter par coeur, on aimerait bien qu'il soit capable de faire quelque chose avec, par exemple les appliquer à la rédaction d'un essai ou les synthétiser pour les expliquer à sa façon.
Oui Pauline Marois était dans la bonne direction. Constons que depuis dix ans on a eu de brillants successeurs à la barre de l'Éducation, tels que Pierre Reid (retourné sur les banquettes) et Jean-Marc Fournier (devenu procédurier en chef des libéraux), qui n'ont pas réussi à faire de l'Éducation la grande priorité du Gouvernement Charest qu'elle devrait être.
Le diable est dans les détails. Toute réforme doit être accompagnée, suivie, évaluée périodiquement. Les enseignants doivent être formés, équipés d'instruments pédagogiques. Les écoles doivent également être équipées en matériel pédagogique. Rien de cela n'a été fait depuis dix ans. Comme le soulignait hier la Centrale des syndicats du Québec qui regroupe la majorité des professionnels de l'Éducation, le sous-financement de nos écoles est chronique. Il faudrait investir d'urgence plusieurs centaines de millions chaque année dans les écoles, mais le gouvernement Charest a préféré le retour partiel du déséquilibre fiscal pour nous saupoudrer de rédicules réductions d'impôts.
Relisez le budget d'un Québec indépendant publié par François Legault en 2005. Vous y verrez que le déséquilibre fiscal est tel qu'on ne pourra investir massivement en Éducation tant que le Québec ne récupérera pas la totalité de ses budgets pour les investir là ou ça presse et ou ça compte. C'est cela que nos spécialistes auto-proclamés devrait marteler plutôt que s'acharner à faire la preuve que nous sommes incompétents en Éducation.