samedi 16 mai 2020

Il y a 40 ans, le Référendum.

(Extrait de ma chronique dans le Magazine Oui Je le veux)

Il y a 40 ans, le 20 mai 1980 je participais comme député au  premier référendum sur la souveraineté-association,  dans un contexte piégé.  Malgré l’excellent gouvernement provincial qu’avait été le Parti Québécois au début de son mandat, malgré toutes les atténuations de son option, « pour ne pas effrayer la population » , malgré la crédibilité de son chef et de ses porte-paroles, l’option n’avait pas progressé d’un iota par rapport au vote de 1976. 
     Satisfait du « bon gouvernement », les gens se réservaient le droit de voter non au référendum. Par ailleurs, les arguments sur le pourquoi de l’indépendance ne leur avaient jamais été présentés, le Parti québécois étant presqu’entièrement préoccupé à gouverner la province. Comme nous le verrons, la campagne référendaire n’allait pas permettre non plus de le faire.
   On allait choisir plutôt « d’atténuer les contours de la souveraineté ». Le chef du parti et ceux qui l’avaient suivi en quittant le Parti libéral étaient réfractaires au discours de libération nationale et à l’usage du mot « indépendance » jugé trop agressif.  Cela faisait dire, à la veille du référendum, en 1979, à une Andrée Ferretti : « la prise du pouvoir par le Parti québécois a, d'une certaine manière, signé l'arrêt du combat pour l'indépendance. En rayant le mot de ses discours et de son programme, et la chose de son administration, le PQ a vidé notre grand projet collectif des contenus idéologiques et politiques qui faisaient sa force réelle ».
     Déjà, à l’Assemblée Nationale, le 10 octobre 1978, René Lévesque avait mis un trait d’union entre souveraineté et association : « Il n’est pas question dans notre esprit d’obtenir d’abord la souveraineté, puis de négocier l’association par la suite. Nous ne voulons pas briser, mais bien transformer radicalement, notre union avec le reste du Canada, afin que, dorénavant, nos relations se poursuivent sur la base d’une égalité pleine et entière.»  Comme le soulignait par la suite l’éditorialiste du Devoir Lise Bissonnette : « Il devient clair que les Québécois auront à se prononcer sur un simple « mandat de négocier la souveraineté-association (…) la souveraineté elle-même sera mise en veilleuse encore une fois, au profit de la promesse d’un lien encore très substantiel avec le reste du Canada ». Cette logique viciée à la base, plaçait le Québec dans le rôle de quémandeur, sans rapport de force; une logique vouée à l’échec.
Un an et demi plus tard, au comité de préparation de la campagne référendaire auquel je participais, je me rappelle que nous avons discuté longuement du libellé de la question. Si la stratégie dite du « trait d’union entre souveraineté et association » n’était plus discutable, celle d’un deuxième référendum ne faisait pas consensus, mais pas du tout. Au Conseil des ministres, Jacques Parizeau combattait avec ardeur cette idée. Tout comme lui, j’appris avec l’ensemble des députés le libellé final de la question lors de son dépôt à l’Assemblée Nationale. Elles contenait ces deux nouvelles « étapes », le trait d'union et un référendum qui menait à une deuxième référendum, visant soi-disant à sécuriser la population, étapes qui n’avaient jamais été discutées au sein du Parti ou du caucus des députés.
     Pourquoi les Québécois ont-ils finalement refusé leur appui au référendum de 1980, alors que la proposition était, somme toute, si peu engageante ? Comme l’a souligné Pierre Bourgault, « Il se passa quelque chose d’inouï pendant la campagne référendaire (…). Les adversaires de l’indépendance disaient, pensant faire peur « Si vous votez OUI, le Québec deviendra indépendant. » Les tenants de l’indépendance disaient au contraire « Si vous votez OUI, ne vous inquiétez pas, nous ne ferons pas l’indépendance mais une nouvelle entente. Les fédéralistes parlaient d’indépendance, pendant que les indépendantistes parlaient d’association ». 
     À la fin de cette campagne tordue, Trudeau emporta l’adhésion en mettant son siège en jeu pour une changement dans le statut politique du Québec, compris à tort comme un accroissement de l’autonomie du Québec dans le Canada. Trudeau affirmait qu’un NON voulait dire un OUI et Lévesque affirmait qu’un OUI voulait dire au mieux un PEUT-ÊTRE. 

On peut expliquer la défaite référendaire par le fait que la peur engendre la peur, au mieux l’indécision. Certains se sont demandé : « que peut-il y avoir de si terrible derrière ce projet d’indépendance pour que ses principaux partisans aient peur de nous le présenter ». D’autres se sont sans doute dit que puisque qu’un OUI au référendum n’allait rien changer dans l’immédiat, alors pourquoi prendre un risque peut-être réel si on en croyait ses opposants. 
     Au final, la stratégie du référendum de 1980 fut une grave erreur dont le Parti québécois, et surtout le Québec paient encore le prix aujourd’hui. La stratégie de répondre à la campagne de peur des adversaires par des évitements, des faux-fuyants a elle-même fait rayonner la peur plutôt que de la vaincre par des réponses claires sur les avantages de l’indépendance et une volonté assumée de la réaliser.   La culture même d’un parti, la motivation et l’élan de tout un mouvement populaire avait été stoppés, rendant difficile une reprise du combat d’indépendance avec la même ferveur et la même force qu’avant. 
     Il a fallu attendre quinze ans et le retour d'un Jacques Parizeau pour qu'une nouvelle chance nous soit donnée de faire du Québec un pays.

vendredi 20 mars 2020

Pandémie - Retrouver l'essentiel.

Comme la plupart d'entre nous, en ces temps de pandémie,  je suis confiné à la maison avec tout le temps de lire, d'écrire et surtout de penser à ce qui est vraiment essentiel. Lorsque la santé est menacée, lorsque la vie est en péril, lorsque la mort peut frapper on ne sait qui, où et quand, on dirait qu'il est plus facile de retrouver les valeurs essentielles, la lutte contre les dominations et la nécessaire solidarité.

Une chose me frappe d'abord: la solidarité internationale qui se manifeste partout. C'est comme si le danger engendrait cette solidarité parce que nous avons un ennemi commun, invisible, mais que nous devons combattre ensemble. Quelle que soit la région ou le pays, quel qu'en soit le régime politique, quel que soit l'emprise du fanatisme qu'on y subit, on s'inquiète de ce qui se passe ailleurs, par exemple en Iran. La Chine d'où origine la pandémie  applique des mesures drastiques, s'en sort et aide l'Italie qui passe par le pire de la crise.  J'ai vu hier une vidéo où un italien avait installé son clavier sur le balcon, accompagné d'un saxophoniste sur un autre balcon et, ailleurs, de gens qui chantaient.

Solidarité nationale aussi, car s'il y a une chose, quand une crise frappe, on s'en remet à nous, à notre solidarité nationale, à notre État nation. Les Québécois s'en remettent à leur État national, à Québec. Les autres Canadiens , s'en remettent à leur état national, à Ottawa. Ici, au Québec on regrette de ne pouvoir contrôler nos frontières, notre économie, nos relations internationales pour prendre toutes nos responsabilités nous-mêmes, au lieu d'attendre le gouvernement des autres. Cela viendra !




samedi 1 février 2020

Le PQ peut-il être un actif pour l'indépendance ?

La course à la direction du Parti québécois démarre aujourd'hui, 1er février 2020. Pour le moment trois candidats sont en lice. Peut-être seront-il bientôt quatre ou cinq. On dit que la nature a horreur du vide. Mais allons-nous retrouver à la fin de la course un parti capable de remplir le vide. Allons-nous entendre une vision et un discours capable mobiliser, qui met de côté  les tergiversations, l'attentisme, le provincialisme qui ont caractérisé l'histoire de ce parti ces 25 dernières années.
         La vraie question à laquelle les candidats à la direction du PQ devront répondre le 19 juin prochain est la suivante:  lors de la prochaine campagne électorale de 2022, et les suivantes si nécessaire, ce parti osera-t-il demander à la population un mandat de réaliser l'indépendance du Québec?


Pour le moment, les propositions des candidats à la chefferie oscillent entre négocier un rapatriement de pouvoirs au Québec avec Ottawa selon Frédéric Bastien ou tenir un référendum dans un premier mandat gouvernemental selon Paul St-Pierre Plamondon. Ce dernier a effectué un virage de 180 degrés par rapport à sa position de 2016 qui repoussait à tort le référendum dans un deuxième mandat. Quant au député Sylvain Gaudreau, il vient de se rallier à un référendum dans un premier mandat, après avoir jugé l'engagement de PSPP "prématuré" parce qu'il faut "prendre acte également que selon les récents sondages, l'indépendance est à 25% ou 30%, au mieux". Voilà un départ pour le moins "oscillant".      Peut-on bientôt savoir sur quoi porterait ce référendum ou ces négociations avec Ottawa ?

       Ces positions ne sont pas nouvelles et elles passent totalement à côté de la question. J'ai été candidat à la direction en 2005, au moment où le PQ venait d'adopter un programme proposant un projet de pays et un référendum tôt dans un premier mandat. Nous étions 9 candidats, la plupart appuyant à fond ce programme. Une fois élu, André Boisclair mit de côté ce programme voté par les membres au profit d'une plateforme électorale faite de mesures réalisables par une province. Pendant cette campagne, il parla peu d'un éventuel référendum, encore moins des raisons d’en tenir un, de l’urgence ou de la nécessité de la souveraineté et pas du tout de ce que la souveraineté permettrait de faire, soit un projet de pays. Lorsqu’un journaliste l’interrogeait sur le référendum à venir, il préférait répondre « l’indépendance n’est pas l’objet de cette campagne. On en parlera lors du référendum » ; et il n’était pas question que ce soit « le plus tôt possible au cours du premier mandat » comme le voulait le programme du Parti. En 2007, le PQ  fit une campagne provincialiste, comme dans  les sept élections depuis 1995; et ses appuis commencèrent à dégringoler.
         On comprend l'inquiétude de la présidente du comité des jeunes du Parti québécois, Frédérique St-Jean demandant que son parti puisse  "réassumer totalement son option indépendantiste même si cela le mène vers une défaite encore plus importante que celle d'octobre 2018".  La vraie question concerne un changement profond d'orientation quant à  la réalisation de l'indépendance qu'on ne voit pas poindre à l'horizon. Le Parti québécois aura-t-il le courage et la vision de se redéfinir, d'amorcer une refondation à la fois quant au contenu de l'indépendance et quant à la démarche pour réaliser celle qu'il n'a pas réussi à faire à son congrès spécial de novembre 2019 ? Si le passé est garant de l'avenir, il faudra compter sur d'autres instruments que le Parti québécois pour remettre le cap sur l'indépendance.



lundi 27 janvier 2020

On est bons au Québec en mathématiques !

Dans un article ce matin de la revue l'Actualité, l'économiste Pierre Fortin souligne les excellents résultats des jeunes québécois en mathématique dans la dernière enquête PISA administrés dans 79 pays. Cette enquête a rejoint 600 000 étudiants de 15 ans, cont 22 400 au Canada et 4 500 au Québec.

On est bons en mathématiques, et même très bons ! Le graphique ci-contre parle de lui-même. Les étudiants du Québec se classent troisième, devancés uniquement par ceux de Singapour et de la Chine, devant ceux du Japon et de la Corée du sud. Ce n'est pas rien !

Les étudiants du Québec sont loin devant ceux du Canada hors-Québec, des États-Unis, et des cinq plus grand pays européens.

Le Québec occupe ce troisième rang mondial non seulement cette année-là mais dans les quatre dernières éditions de cette enquête internationale, ce qui démontre la stabilité de cette performance des jeunes québécois.

On peut en être fier, car on voit le résultat des efforts consentis au cours des dernières décennies par le Québec pour réorienter l'enseignement des mathématiques en l'axant sur la résolution de problème. J'en suis particulièrement fier puisque j'ai dirigé le premier programme de la Télé-université (PERMAMA) consacré au perfectionnement des maîtres en mathématique dans les écoles du Québec. Ce programme a permis de former la moitié de tous les profs de mathématique de l'enseignement secondaire en exercice et surtout de réorienter les méthodes d'enseignement dans cette matière qui étaient alors axés principalement sur la mémorisation des formules. Merci à tous ceux et celles qui depuis ce temps se sont consacré à former nos jeunes à cette importante matière.

samedi 14 décembre 2019

L’ACEUM: les limites du Bloc et de la CAQ dans la défense du Québec.

Le Bloc et la CAQ sont malheureusement sans rapport de force devant le gouvernement canadien. Leur abandon du projet d’indépendance les a conduit à un nationalisme impuissant, incapable de défendre le Québec. Rien n’illustre mieux la vacuité du « nationalisme provincialiste » que professent ces deux formations que leur position sur l’entente de libre-échange nord-américaine (ACEUM), laquelle protège le secteur de l’acier, concentré en Ontario, mais pas l’aluminium où 8 des 9 alumineries canadiennes sont implantées au Québec.

 Suite à sa rencontre avec Justin Trudeau cette semaine, le premier ministre Legault, a demandé à Yves-François Blanchet et au Bloc « d’appuyer l’accord, de ne pas retarder les travaux, de ne pas faire d’obstruction parlementaire, pour que ce soit adopté rapidement ». Pourquoi ? Parce que l’entente de libre échange nord-américaine serait un gain pour le Québec, même dans le cas de l’aluminium et on oublie pour le moment la gestion de l’offre. 

Ce conflit entre deux partis censés défendre les intérêts du Québec dans le Canada met d’abord en évidence la stratégie tordue du Bloc qui consiste à représenter à Ottawa les consensus d’une Assemblée nationale dominée par deux partis fédéralistes. Or le gouvernement de la CAQ et l’opposition officielle du parti libéral ont même la position : endosser l’entente. Que devient la position du Bloc chaque fois que ces partis préfèreront s’aligner avec le gouvernement canadien. Qu’arrivera-t-il aussi lorsqu’après s’être fait dire non par Ottawa sur chacune de ses demandes, le gouvernement de la CAQ décidera que son image de bon joueur au sein du Canada exige qu’il soit de plus en plus conciliant. 

Sur le fond de la question, le Bloc a toutefois raison de maintenir « que nos travailleurs de l’aluminium aient droit à la même protection que les travailleurs de l’acier, quitte à renégocier l’accord ». Comment expliquer ce refus de François Legault de le faire, de masquer ainsi la faiblesse d’Ottawa à défendre le secteur de l’aluminium québécois dans les négociations de l’ACEUM. Cette entente représente-t-elle un gain pour le Québec ?

On se rappellera qu’en décembre 2017, le président américain Donald Trump avait annoncé une série de taxes sur divers produits, dont des droits d'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Le Canada, le Mexique et l'UE avaient d’abord été exemptés en mars 2018, exemption levée le 31 mai, ces taxes punitives entrant en vigueur comme moyen de pression direct sur les pourparlers de l'Accord de libre-échange nord-américain qui, selon les américains, n’avançaient pas à leur goût. Là se trouve le soi-disant gain : on aurait empêché une perte, l’entrée en vigueur de taxes punitives, aussi néfastes pour le Canada que pour les Etats-Unis ou le Mexique. 

L’accord prévoit maintenant que 70 % des pièces d’acier ou d’aluminium utilisés dans la fabrication d’automobiles devront désormais être d’origine nord-américaine. Mais là où l’accord précise que l’acier doit être « fondu et coulé » en Amérique du Nord pour se qualifier, rien n’est prévu pour l’aluminium. Or, le Mexique importe de l’aluminium de la Chine et le transforme chez lui. Il devient ainsi de l’aluminium nord-américain, entrant en compétition avec l’aluminium québécois, dans un pays où les salaires sont moins élevés.

Le Bloc a raison de vouloir se battre mais le gouvernement du Québec le laisse tomber et ce n’est pas le NPD, avec un seul député au Québec, ou les conservateurs, axés sur les préoccupations pétrolières de l’Ouest canadien qui vont l’aider  à Ottawa. Le Bloc n’a aucun rapport de force. Pourrait-il au moins expliquer aux Québécois pourquoi ? Pourrait-il expliquer que les prochaines fois, il faut que le Québec soit à la table de négociation des accords économiques internationaux le concernant et que, pour cela, il doit être un pays. Pourrait-il enfin expliquer que la meilleure façon de défendre les intérêts du Québec, c’est que le Québec s’en occupe lui-même !





lundi 28 mai 2018

Les faux arguments contre un vote de confiance à Martine Ouellet


Si un vote de confiance avait eu lieu avant la démission des sept députés, il aurait sans doute été positif à 80%-90% tant Martine Ouellet avait réussi à relancer le parti de façon dynamique. Des sondages entre 23 et 30% gratifiaient le Bloc du titre de principale opposition aux Libéraux de Trudeau au Québec. Le Bloc venait de réaliser une campagne de financement historique de près d’un million de dollars. Il avait entrepris de se doter d’un programme mobilisateur en vue de l’élection 2019. 
Début juin 2018, le vote sera au contraire serré suite à une campagne médiatique inqualifiable, presque à sens unique. Aucun média, aucun chroniqueur, n’a voulu se questionner sur les véritables motifs des démissions des sept députés.  Un tel geste, soi-disant à cause d’un conflit interne, aurait normalement dû se régler à l’interne. Il a stoppé net l’élan que le Bloc s’était donné avec Martine Ouellet dans la dernière année.

Et maintenant, on avance essentiellement six arguments pour que les membres du Bloc retirent leur confiance à Martine Ouellet. Voici ma réplique.

1- Des « radicaux » auraient noyauté le Bloc québécois ?

Le changement de garde et d'orientation à l’intérieur du Bloc prend sa source dans la défaite de 2011. La vague orange aura eu pour effet de renvoyer chez eux les membres du Bloc les plus attentistes, alors que ceux qui voulaient résolument travailler à l’indépendance sont resté et ont élu Mario Beaulieu à la tête du Bloc en 2014. Son leadeurship fut immédiatement contesté par Gilles Duceppe, suscitant la démission de deux députés et une baisse dans les sondages. Celui-ci revint par la suite en sauveur pour régler un problème que ses partisans avaient contribué à créer en minant la crédibilité du chef démocratiquement élu. Après l’élection de 2015, en mars 2017, Martine Ouellet était élue chef du Bloc par acclamation, Le clan Duceppe avait cherché, sans succès, pendant des mois un candidat assez fort pour l’affronter. L’histoire allait se répéter, le travail de sape du leadeurship de la nouvelle cheffe culminant par la démission de sept députés et une campagne médiatique bien orchestrée et sans merci. 
La démocratie avait parlé deux fois en amenant à la tête du Bloc deux chef proactifs quant à l’indépendance. Il ne s’agissait pas de noyautage de la part de soi-disant « radicaux », mais plutôt de deux changements de garde suivi de deux coup de force de députés ou d’anciens députés. Ces derniers, n’étant plus en phase avec la majorité des militants, ont tenté un pustch, pour reprendre le contrôle du parti. Le fait que les députés démissionnaires décident maintenant de créer un autre parti révèle bien leurs véritables motivations et leurs craintes d’assumer leur choix indépendantiste.

2- Martine Ouellet plomberait les appuis au Bloc québécois ?

En décembre 2017, avant que la crise n’éclate suite à la démission des 7 députés du Bloc, un sondage IPSOS démontrait une progression des appuis au Bloc québécois. Les chiffres pour le Québec étaient les suivants : libéraux 45 %, Bloc québécois 21 %, NPD 15 % et conservateurs 14 %. Avec Martine Ouellet à sa tête, le Bloc faisait mieux que ses 19,5 % à l’élection 2015, ou ses 21% à celle de 2011. Faudrait-il en conclure que Gilles Duceppe plombait les appuis du Bloc Québécois ou n’était-ce pas plutôt l’ancienne mission du Bloc qui était dépassée ? En fait, suite à la démission des 7 députés en février dernier, suivi d’un appel à la démission de Martine Ouellet, appuyé par Gilles Duceppe et repris en chœur dans les médias, un sondage IPSOS, réalisé entre le 28 février et le 1er mars 2018 – en pleine crise – montrait le Bloc Québécois à 13%. Autrement dit, ceux qui avaient troué la coque du navire pouvaient se justifier de l’avoir abandonné en disant « regardez on coule, Martine Ouellet parle trop d’indépendance ». Est-ce crédible ? Des indépendantistes qui ont peur qu’on parle trop d’indépendance.

3- La crise au Bloc ferait perdre les élections au PQ ?

En décembre 2017, le PQ était déjà à 19% dans les sondages, il est à 20% début mai 2018, donc rien à voir avec la « crise » au Bloc québécois puisque l’appui est le même. En fait, la chute du PQ dans les sondages a commencé en janvier 2017 (voir la courbe des sondages Léger), deux mois avant même l’élection de Martine Ouellet à la tête du Bloc québécois en mars 2017 et bien avant la démission des 7 députés en mars 2018. Une cause importante, selon la majorité des observateurs de la scène politique serait plutôt le report de l’indépendance en 2022, qui aurait eu pour effet de transférer beaucoup d’électeurs du PQ en appui à la CAQ.

4- Si Martine Ouellet partait, les démissionnaires reviendraient ?

C’est ce que semble maintenant croire Mario Beaulieu. Maintenant qu’ils ont annoncé qu’ils allaient fonder leur propre parti ouvert aux fédéralistes, cet argument ne tient plus. Au contraire, c’est en faisant appel aux indépendantistes que l’on peut faire remonter le niveau d’appui comme il était avant les démissions. Dans quelque temps, les démissionnaires constateront sans doute la difficulté de créer un nouveau parti et les plus indépendantistes reviendront au Bloc. Avec Martine Ouellet et l’impulsion qu’elle est capable de donner au parti, nous aurons une équipe renouvelée de candidats du Bloc dans les 78 comtés du Québec à l’élection de 2019. On peut espérer qu’avec le temps, certains démissionnaires en seront.

5- Le problème au Bloc serait l’intransigeance de Martine Ouellet ?

Au départ, les démissionnaires ont refusé de mettre en commun leur personnel pour permettre à la chef de coordonner les ressources parlementaires du Parti à Ottawa. Quelques jours après son élection, un député, Luc Thériault, qui s’était opposé à sa nomination, cherchait déjà à obtenir son départ. Par la suite, il a été impossible d’obtenir une véritable collaboration pour que quelques questions en chambre soient préparées par la chef. Plusieurs démissionnaires persistaient à défendre les intérêts du Québec sans faire la promotion de l’indépendance. Avant leur démission, invités à rencontrer le Bureau national du parti, ils ont fait parvenir une lettre de refus. Par la suite, ils ont également refusé toute médiation telle que proposée par la cheffe du Parti. Encore maintenant, ils refusent toute discussion même si la porte du Parti leur est toujours ouverte. Où se trouve l'intransigeance ?

6- Le Bloc avec Martine Ouellet ne voudrait plus défendre les intérêts du Québec ?

C’est une autre accusation sans fondement. La cheffe du Bloc a mené plusieurs défenses des intérêts du Québec: crise de migrants, négociations de l’ALENA, lutte aux paradis fiscaux, chantiers de la Davie à Lévis, transport du pétrole, déchets nucléaires de Charlk River, etc. Le projet de programme du Bloc élaboré par l’équipe de Martine Ouellet vise à défendre les intérêts du Québec mais dans un cadre indépendantiste. Ce projet de programme a été retenu à l’unanimité lors du dernier Conseil général comme proposition principale en vue du Congrès de 2019 et de la future plateforme électorale. On y explique l’importance de défendre les intérêts du Québec dans tous les domaines, mais en lien avec le cadre indépendantiste du programme du Parti. Chacun des neuf chapitres du programme contient des sujets d’action politique pour défendre le Québec d’ici l’indépendance, tout en proposant des projets que la République du Québec permettrait de réaliser avec l’indépendance.

Les conséquences d’un bris de confiance

L’impact d’un « non » au vote de confiance serait désastreux, conduisant le parti au bord du gouffre. Si Mme Ouellet doit partir, elle ne partira pas seule.  Plusieurs organisations de circonscription vont aussi abandonner. Le Bloc Québécois sera essentiellement en mode « pause » pour plusieurs mois dans l’attente d’une course à la chefferie qui ne pourra avoir lieu qu’après l’élection provinciale du 1er octobre prochain. La campagne de financement pour 2019 et le fonctionnement du secrétariat national seront compromis. Finalement Il ne restera plus assez de temps au nouveau chef pour reconstruire le parti dans les 78 circonscriptions et pour se doter d’un fonds électoral décent en vue de la prochaine élection. Et sur quel thème ? La défense des intérêts du Québec ? Gardons plutôt le cap sur l’indépendance en renouvelant notre confiance, non seulement à Martine Ouellet, mais à nous tous pour relancer le parti dans les voies productives qui étaient les siennes avant le début de cette crise. 

Ce nouvel élan commence par un OUI à la mission du Bloc et au vote de confiance envers la cheffe qui défend admirablement bien cette mission. C’est au nom de la beauté et de la grandeur de notre projet de liberté, qui nous enflamme et qui nous appartient tous, que nous devons réunir nos forces. L’avenir n’est pas dans la démission ou le repli aux pratiques anciennes, mais dans la solidarité renouvelée et l’engagement à nous donner un pays.

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