mardi 19 avril 2016

Les chaînes sont moins lourdes.

Hier les centrales syndicales et le conseil des chômeurs ont salué l'abolition par le gouvernement Trudeau de certaines de mesures restrictives à l'assurance chômage imposées par l'ancien gouvernement Harper (malgré l'opposition unanime du Québec). Ils ont aussi souligné avec justesse que beaucoup reste à faire pour ramener l'assurance chômage à un niveau décent depuis que les deux partis qui se succèdent à Ottawa ont accumulé les restrictions. C'est plus de 50 milliards de dollars qui ont été littéralement volés à la Caisse de l'assurance chômage dans les années 90 sous un autre gouvernement libéral. Ces cotisations, payées par les travailleurs et les employeurs ont servis à d'autres fins décidées par le gouvernement canadien.

Cet évènement et bien d'autres depuis l'arrivée des libéraux font apparaitre les chaînes de la dépendance du Québec moins lourdes qu'avant (pour le moment en attendant l'oléoduc), mais ce sont toujours des chaînes qui nous empêchent de prendre nos décisions nous-mêmes. Pour le moment, avec l'austérité Couillard à Québec, certains espèrent d'Ottawa des adoucissements temporaires. Il est urgent, plutôt, de rétablir notre pouvoir d'agir. C'est notre droit, c'est notre intérêt et c'est notre seul avenir !

dimanche 3 avril 2016

Une démarche constituante avec la CAQ ?

Certains, dont Camil Bouchard récemment, proposent de mettre la souveraineté en veilleuse comme si elle ne l'était pas depuis le référendum volé de 1995. L'idée d'une alliance avec la CAQ semble signifier pour certains que les indépendantistes devaient laisser leur option au vestiaire comme l'a fait François Legault en fondant la Coalition avenir Québec. Même sur un plan strictement électoral, il n'y a aucune raison de faire cela. Le PQ est toujours le premier parti chez les francophones. Une coalition des partis souverainistes obtiendrait un appui de 47% chez les francophones selon les derniers sondages. Ainsi, une une alliance PQ-QS-ON donnerait une majorité d'indépendantistes à l'Assemblée nationale, ce qui permettrait d'entreprendre une démarche constituante pour résoudre la question nationale. Les profils semblables des trois partis souverainistes sur la question nationale (voir le graphique) et la convergence d'une grande partie de leurs programmes socio-économiques rendent possible une alliance électorale avec très peu de fuite des votes vers les libéraux ou la CAQ. 

Avec la CAQ, la situation est différente. Dans l'électorat de la CAQ, on retrouve environ 19% de souverainistes , 43% de "centristes" ou de nationalistes et 28% de fédéralistes. Sur le plan électoral, la CAQ joue un rôle utile en divisant davantage le vote fédéraliste que le vote souverainiste. Une alliance PQ-CAQ pourrait faire fuir une partie du vote de la CAQ vers les libéraux. Elle doit se faire sur un autre plan qu'électoral. Il faut envisager une certaine collaboration entre la CAQ (redevenue nationaliste) et les souverainistes sur la question nationale, comme je l'ai exprimé dans mon livre "La nécessaire alliance" en 2008.

La coalition avenir Québec renoue actuellement avec ses origines autonomistes : effort majeur de francisation, contrôle de notre immigration, transferts de point d’impôt pour contrer le déséquilibre fiscal, déclaration de revenu unique, rapatriement des fonds fédéraux pour la culture et les infrastructures culturelles, pouvoir total sur l’évaluation environnementale, abolition du sénat et de la fonction de lieutenant-gouverneur. Tous ces objectifs autonomistes, auxquels adhèrent la vaste majorité de la population et la majorité des électeurs de la CAQ, vont nécessairement se heurter à l’intransigeance du Canada qui n’a aucun intérêt à accorder de tels changements au Québec.

La seule façon d’avancer dans cette direction est de faire appel à la pression populaire, et pour cela, les autonomistes ont besoin des souverainistes. La CAQ et tous ceux et celles qui croient possible l’autonomie du Québec dans le Canada ont tout intérêt à participer à une démarche constituante comme celle proposée par les États généraux sur lasouveraineté. Les partis indépendantistes ont également intérêt à les y inviter et à l’organiser avec eux. Quel que soit le statut futur du Québec, il faudra qu’une majorité de la population l’appuie. Dans une telle démarche constituante, on réalisera un large débat sur les objectifs et les projets collectifs largement partagés dans la population. On le fera indissociablement des compétences nécessaires pour les réaliser. Ces débats, largement médiatisés, permettront de faire croitre l’appui au rapatriement de ces compétences ET à l’indépendance comme cela avait été amorcé par la Commission Bélanger-Campeau.
On pourra dégager de l’exercice une liste commune de compétences à rapatrier faisant consensus entre souverainistes et autonomistes et, possiblement deux projets de constitution provisoire, un projet autonomiste et un projet indépendantiste qui seraient soumis à la population par voie référendaire. On peut imaginer une consultation populaire où les citoyennes et les citoyens auraient à choisir entre ces deux propositions et le statu quo. Le résultat serait autour de 75 % pour un rapatriement important des compétences (autonomie) ou l'indépendance. Il sera intéressant alors de voir comment le Canada anglais pourrait contrer très longtemps une volonté majoritaire aussi manifeste du peuple québécois. Après un certain temps, en cas de blocage, une déclaration unilatérale d’indépendance serait alors acceptable aux yeux de la population et de la communauté internationale.

lundi 21 mars 2016

QS et le PQ sont-ils souverainistes ?

J'ai proposé dans mon dernier blogue que le Parti québécois remplace l'article 1 de son programme, pour se mettre au diapason de son chef, pour que la prochaine élection soit déterminante, pour qu'elle enclenche une démarche populaire vers le Québec pays. Un élément clef est une feuille de route publiée d'ici un an, bien avant la prochaine élection, à laquelle il faudrait rallier si possible tous les partis d'opposition. Il est inacceptable, sur un simple plan démocratique, que le parti libéral, avec un appui minoritaire dans la population, nous gouverne de la façon que l'on sait, et qu'il bloque la volonté souverainiste, ou du moins nationaliste, de la majorité de la population. Pour changer cela, il faut quitter le terrain électoraliste pour élever le débat au niveau de la nation.


Évidemment, ce n'est pas facile de mettre tout le monde d'accord dans l'opposition. À cet effet, le graphique ci-joint de mon ami Pierre-Alain Cotnoir est particulièrement éclairant. Ses chiffres sont obtenu par cumul de plusieurs sondages effectués par le GROP auquel il participe. Les "centristes" regroupent les souverainistes mous, les nationalistes hésitants, les fédéralistes fatigués qui croient le fédéralisme réformable ou qui répondent non à une des questions suivantes sur la souveraineté a)  le Québec a le droit b), a la capacité c) pourra devenir un pays. On doit convaincre les centristes si on veut construire une majorité pour le Québec pays, d'autant plus que les chiffres montrent qu'il y en a dans tous les partis sans exception.

Pour cela, il faut d'abord se réunir entre nous pour le pays. La convergence PQ-QS-ON est en train de se faire. Les membres de ces partis, sont très majoritairement souverainistes, ou  centristes dans des proportions très semblables. QS et ON se sont ralliés récemment à une forme de démarche constituante qui permettrait un solide conversation nationale autour des pouvoirs du Québec, laquelle se conclurait par une décision populaire. Ils rejoignent ainsi une proposition des États généraux sur la souveraineté (voir ici). On note aussi que QS ne refuse plus de parler stratégie avec le PQ. On est en train de dépasser les légendes urbaines à l'effet que le PQ serait un parti de droite (selon certains "solidaires"), ou que QS serait un parti fédéraliste (selon certain péquistes). Ces discours électoralistes sont peut-être utiles pour des gains électoraux à court terme. Mais ils sont totalement contre-productifs pour construire une majorité indépendantiste ou même pour établir une position commune d'ici la prochaine élection. Il est temps de combattre les attaques fratricides entre indépendantistes chaque fois qu'on les entend.

Dans un prochain message, je vous parlerai de la CAQ et des nationalistes, avec lesquels nous, indépendantistes, sommes condamnés à cheminer si nous voulons résoudre l'impasse actuelle sur l'avenir politique du Québec.

samedi 5 mars 2016

Péladeau doit revoir l'article 1

Le chef du Parti québécois, Pierre-Karl Péladeau a affirmé le 12 février 2015 : « C’est pourquoi, lors des prochaines élections, je souhaite obtenir le mandat de réaliser concrètement l’indépendance du Québec ». Or cette déclaration, très claire, que j'appuie sans réserve, est incompatible avec l’article 1 du programme du PQ qui se lit actuellement ainsi :  « le Parti Québécois a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement. » Jusqu'à maintenant, cet article a eu pour effet de paralyser l'action du Parti québécois, et ce depuis le dernier référendum de 1995. Il implique que le débat sur l'indépendance ne se fait pas lors de l'élection mais lors d'un référendum  ayant lieu plus tard on ne sait trop quand. Par conséquent les prochaines élection ne peuvent donner un mandat de réaliser concrètement l'indépendance du Québec.
Cet énoncé  de l'article 1 est devenu avec le temps un facteur d’attentisme, de division entre indépendantistes, d’éteignoir de la mobilisation militante et de repoussoir des citoyens à l’égard de l’indépendance. Depuis le référendum de 1980, chaque élection devient une lutte de partis plutôt qu’une lutte nationale : qui fera le meilleur gouvernement provincial, comme si un « bon gouvernement » était possible pout un indépendantiste dans le carcan canadien . D’un point de vue militant, comme l’exprimait nettement l’un d’eux lors de la récente élection canadienne à laquelle j'ai participé, « vous me rappellerez quand il y aura un référendum annoncé ». Quant à la population, on entend de plus en plus, même de la part de sympathisants, un discours de renoncement : « cessez de parler d’indépendance, même si c’est souhaitable, cela n’arrivera pas ». Cette approche du principal parti indépendantiste nous empêche en fait de faire campagne sur le contenu de l’indépendance puisqu’aucune étape sérieuse n’est jamais à l’horizon.
Pour se remettre en marche, pour parler d’indépendance et surtout être écouté largement, il faut que la prochaine élection soit une étape sérieuse, marquante, déterminante, déclenchant une démarche vers l’indépendance.  Il ne s'agit pas d'une élection référendaire. Un référendum doit conclure la démarche, mais pas l'initier. C'est l'élection qui doit  enclencher la démarche vers le pays.
J'ai élaboré un peu plus cette démarche stratégique dans une nouvelle chronique que je commence sur vigile.net Voir : http://vigile.net/Se-remettre-en-marche-73842


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