mercredi 10 février 2016

Rona ou le coût de la dépendance

Les nouveaux ministres du gouvernement Couillard ne sont pas longs à prendre le pli de la dépendance sans se préoccuper des torts faits à l'économie du Québec. C'est chose naturelle dans ce gouvernement radicalement canadien avant d'être québécois. Rien n'est plus caractéristique que cette attitude de la nouvelle ministre de l'économie du Québec, Dominique Anglade. La ministre se dit satisfaite des échanges qu'elle a eus avec l'entreprise Lowes et le gouvernement canadien dans le rachat de Rona par cette entreprise. Elle affirme même: "ce qui est important pour nous , c'est que nos attentes soient transmise au gouvernement canadien".

On a fait notre travail de bonne petite province et on a transmis certaines vagues préoccupations au Canada qui est surement à l'écoute. Mais c'est le Bureau de la concurrence et Investissement Canada qui décideront si cette transaction de 3.2 milliards ira de l'avant ou non. Autrement dit, Rona a été construit par des québécois, racheté par des américains et le gouvernement du Canada décidera qui en aura le contrôle.

Mais on est content satisfait dans la officines du gouvernement Couillard car on pense avoir obtenu des assurances. Le siège social restera au Québec...pour le moment. La "vaste" majorité des emplois au Québec seront préservés au Québec... pour le moment. La ministre a mis l'accent sur le rôle des fournisseurs québécois dans la chaîne d'approvisionnement de Rona, mais qui en décidera désormais? Poser la question c'est y répondre.

Si le Québec était un pays normal, les employés et fournisseurs de Rona pourraient s'attendre à ce que les décisions les concernant se prennent ici, et pas ailleurs. Pas dans le Canada des libéraux !


mardi 26 janvier 2016

Arrogance et duplicité pétrolière canadienne

Rona Ambrose, croit, comme ses collègues de l’Ouest, qu’après avoir profité pendant des années de la péréquation, le Québec doit maintenant avaler la couleuvre Énergie Est. Il en va de « l’unité nationale » semble-t-il. La chef du parti conservateur canadien, appuyée son lieutenant du Québec, le très collaborateur Denis Lebel, rejoint ainsi la déclaration du premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall qui répliquait au maire Denis Coderre la semaine dernière: « J'ai confiance que les maires du Grand Montréal vont poliment rembourser leur part de péréquation de 10 G$ payée par l'ouest ».

Quelle duplicité d'abord où  "l'unité nationale" sert de paravent aux intérêts économiques pétroliers! Quelle arrogance aussi ! Ainsi le blocage de l'oléoduc par la Colombie britannique ou les États-unis serait acceptable, mais pas par le Québec, car on sait que le Québec est redevable au Canada de la péréquation n'est-ce pas ? Que les assistés sociaux acceptent le viol de leur territoire et qu'ils soient polis et reconnaissants. Les assistés sociaux n'ont rien à décider les concernant. Ceux qui paient doivent décider pour eux.

La réalité des choses est que l'on doit empêcher à tout prix Énergie East, un projet dangereux pour le Québec, un projet inacceptable, tant sur le plan écologique qu'économique. Nos intérêts ne sont pas vers l'exportation du pétrole de l'Ouest, mais dans le développement d'une économique verte pour lesquels le Canada nous prive d'ailleurs de la majorité de nos moyens.

Quant au premier ministre Brad Wall, peut-il faire le calcul de la péréquation vs les sommes énormes que les québécois.es paient chaque années avec leurs impôts au gouvernement du Canada, lequel les réinvestis dans  les développements pétroliers, automobiles, militaires ou autres, massivement ailleurs qu'au Québec? Peut-il nous dire poliment quelle part de la différence de 2 milliards il nous doit ?

Peut-on aussi lui demander de dire poliment MERCI pour le développement de l'Ouest depuis 1867, payés par les citoyens du Québec depuis bientôt 150 ans. Ce sera d'ailleurs une question à examiner quand on fera les comptes des actifs et des passifs lors de l'indépendance du Québec.

dimanche 17 janvier 2016

L'institut sur l'indépendance et le OUI Québec

On débat actuellement du projet d'Institut sur l'indépendance comme s'il était interdit aux indépendantistes d'approfondir leur option en dehors des partis politiques, alors que les partisans du statuquo fédéraliste ont depuis longtemps leur Conseil de l'unité canadienne, financé en sous main par des organismes du Gouvernement du Canada, sans compter l'organisme "Idée fédérale" fondé par André Pratte, qui jouit du statut d'organisme de bienfaisance (sic) de la part d'Ottawa.

Disons-le d'emblée, l'idée d'un projet d'institut de recherche appliqué sur l'indépendance doit être appuyée par tous les indépendantistes. Jusqu'à la fin de sa vie, Jacques Parizeau a réclamé que l'on actualise les études sur la souveraineté et qu'on s'en serve, à la fois pour préparer le passage du Québec de province à pays, et pour alimenter le débat public sur les avantages de l'indépendance  et sur les moyens d'y parvenir.

On a bien vu à l'élection de 2014 l'erreur stratégique, régulièrement répétée à toutes les campagnes électorales depuis 20 ans, qui consiste à faire des campagnes provinciales de "bon gouvernement". Le chef du Parti québécois a décidé d'y mettre fin en mettant en oeuvre les moyens de"démontrer les avantages concrets de l’indépendance, identifier les pertes causées par le régime canadien et à identifier les gestes devant conduire à l’indépendance du Québec".   Il a également expliqué que cet institut recevra un financement « populaire » et « volontaire » et produira « des analyses très détaillées, très approfondies sur les bienfaits et les bénéfices de l’indépendance du Québec ». Que l'on soit partisan ou non du Parti québécois ou de son chef, on ne peut qu'être d'accord avec lui sur ce point.

Sur le plan légal et surtout politique, il importe que cet Institut soit distinct du Parti québécois, même si le citoyen Péladeau y souscrit financièrement. Faut-il le rappeler, l'indépendance d’un peuple est d’abord l’affaire des citoyennes et des citoyens, engagés ou non dans un parti politique. Cet objectif dépasse les luttes partisanes. Il doit rallier une majorité de personnes, quelles que soient leurs allégeances partisanes, leurs origines ethno culturelles ou leurs orientations quant aux divers choix de société. Sans une convergence des meilleures énergies en dehors des luttes partisanes, l’indépendance politique demeurera un objectif difficile à atteindre.

Il est absolument nécessaire que l'Institut soit mis sur pied et financé au sein de la société civile avec un appui large des mouvements et des partis favorables à l’indépendance. Un tel organisme mis sur pied par un parti politique serait non seulement soumis aux règles maintenant très strictes de financement des partis politiques, mais il risquerait de ne pas être reconnu et utilisés par des membres d'autres formations politiques. Par ailleurs, on doit éviter que les conclusions des recherches de l’Institut soient perçues, à tort ou à raison, comme biaisées en faveur de l’élection d’une formation politique, particulièrement de la part des personnes non encore convaincues des bienfaits de l’indépendance du Québec. L’organisme le mieux placé pour recueillir le financement nécessaire au fonctionnement de l'Institut est sans contredit les Organisations Unies pour l'indépendance.

Le OUI Québec est un organisme à but non lucratif résolument non partisan. Il regroupe la plupart des principaux mouvements de la société civile qui appuient l’indépendance. D’autre part, il a créé et maintient une table de concertation avec les principaux partis indépendantistes, soit le Parti québécois, le Bloc québécois, Québec solidaire et Option nationale.  Par ailleurs, l'Institut pourrait être géré par son propre comité scientifique, à distance des partis et des mouvements qui utiliseront et diffuseront ses résultats. Il devra fonctionner en toute transparence et sa crédibilité apparaître incontestable dès le départ.

Rien n'empêchera par la suite un gouvernement indépendantiste de mener ses études stratégiques plus pointues, mais dans la situation actuelle, nous avons besoin de données, de faits, d'analyses indiscutables pour gagner l'indispensable débat de société qui doit nous mener à l'indépendance.

dimanche 3 janvier 2016

Épisode 4 - Pour un nouveau cycle politique.

Je termine  ici une chronique en quatre épisodes de la campagne électorale canadienne 2015 à laquelle j'ai participé comme candidat du Bloc québécois dans LaSalle-Émard-Verdun. 

À l'élection canadienne de 2015, tout comme en 2011, la moitié seulement des indépendantistes ont voté pour le Bloc. Au Québec comme à Ottawa, depuis 2007, les partis indépendantistes ne font plus le plein des électeurs favorables à l’indépendance. Rappelons qu’en 2007, au Québec, le Parti québécois récoltait 28% des appuis, alors que l’appui à la souveraineté se maintenait à 44%. Il est clair qu’on ne peut plus faire des élections de « bon gouvernement » à Québec, ou de « bonne opposition » à Ottawa sans foncer dans un mur.
En relançant le Bloc à Ottawa, nous voulions démarrer un nouveau cycle politique en vue de 2018. Force est de constater que cela reste à faire.  Pour gagner la prochaine fois, il nous faudra  une solidarité sans failles autour de l’indépendance, assumer une indépendance déterminée, décomplexée, en lien avec nos projets collectifs de développement économique, d’énergies renouvelables, de justice sociale au Québec et dans le monde.
Pour ce faire il est urgent de converger autour d’un plan, d’une feuille de route dont voici les principaux éléments.
a.     Publier une feuille de route comme élément déclencheur. Tant qu’une démarche nationale convergente et potentiellement décisive ne sera pas annoncée, on sera dans une impasse. On continuera à faire des campagnes partisanes, plutôt que nationales, des campagnes ne portant pas sur l’indépendance. Un nouveau cycle doit être amorcé par la publication d’une feuille de route avec un objectif clair et une démarche endossée par les principaux acteurs du mouvement indépendantiste. Cette solidarité et cette détermination retrouvées sont indispensables pour redonner confiance que l’indépendance se fera.
b.     Confier un rôle d’initiateur à la société civile indépendantiste. À l’instar de la Catalogne où la société civile a joué un rôle central dans la convergence des partis indépendantistes, nous avons entrepris, à partir de 2008, de consolider la société civile indépendantiste. Le OUI-Québec regroupe actuellement la plupart des organismes de la société civile favorables à l’indépendance. C’est là où le texte de la feuille de route pourra être mis en forme avec les représentants des partis et des mouvements.
c.  Donner un contenu à la lutte nationale. Nos adversaires ont réussi à présenter l’indépendance comme une question déconnectée des « vraies affaires », disaient-il à l’élection de 2014. Au cours de la campagne 2015 également, beaucoup ne voyaient plus trop les liens entre notre dépendance politique et des questions comme l’austérité budgétaire, le transport du pétrole, la démocratie, l’environnement ou les enjeux internationaux. Notre réponse  doit être de proposer des projets d’avenir faisant un large consensus au Québec, nécessitant le contrôle de nos affaires dans un Québec pays.
d.  Nous mobiliser pour une campagne permanente pour l’indépendance. Pour gagner l’élection de 2018, il faut se remettre à parler, écouter, sortir hors de nos rangs et convaincre. En un mot, il faut nous mobiliser dans les organisations de la société civile comme au sein des partis politiques pour véhiculer le pourquoi et le comment de l’indépendance. Au cours de l'élection de 2015, les candidats du Bloc et beaucoup de militantes et de militants venaient du PQ, de QS et d’ON. On a eu un début de convergence des partis. Il faut maintenant poursuivre ensemble le porte-à-porte, les assemblées de cuisine, l’affichage, les évènements politiques, tout en publicisant   de façon persistante ces actions.
Même si le résultat de l’élection de 2015 a été en deçà de nos attentes, le mouvement indépendantiste en sort tout de même renforcé grâce à l’élection d’une équipe de 10 députés et d'une trentaine de conseillers à plein temps, une équipe dotée de moyens accrus. Il faut maintenant que cette équipe s'engage à fond dans la promotion de l’indépendance et la convergences des mouvements et des partis indépendantistes, pour mettre fin au cycle politique précédent et relancer le mouvement d'émancipation nationale.

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