À l'image de plusieurs chauffeurs d'autobus qui nous invitent à avancer en arrière, avez-vous remarqué comme les incitations au repli se multiplie depuis quelques temps? Ce samedi, le Devoir consacre tout un dossier au "Québec orphelin dans le Canada". Selon Guy Laforest (ancien intellectuel au service de l'ADQ), sans l'indépendance à l'horizon, le Québec devrait reprendre sa place dans la fédération. Il rejoint ainsi l'ex-premier-ministre Bouchard qui prône la même chose, comme aux temps du "beau risque", sauf que maintenant, l'espoir est nul. Pendant ce temps, un autre premier ministre sort des boules-à-mites pour nous proposer une grande innovation, une "alliance" face à Harper, le spécialiste des décisions unilatérales sur le dos des provinces. Cette alliance, les premiers ministres libéraux du Québec et l'Ontario affirment dans un autre article l'avoir contractée pour le bien de leurs populations.
Tout cela le même jour ! C'est beaucoup ! Québec orphelin dans le Canada ? Aurions nous besoin de parents pour nous protéger, nous, pauvre petite province, pour nous réfugier dans l'attitude confortable d'éternels quémandeurs des aspirations traditionnelles du Québec, dans un Canada qui refuse même de nous reconnaître comme nation. On nous invite donc à retourner dans les conférences fédérales-provinciales, à oeuvrer dans le Conseil de la fédération plutôt que dans le concert des nations.
Que ces propositions nous viennent de fédéralistes qui espèrent encore obtenir quelques miettes dans le Canada, et qui tiennent surtout à donner belle image, rien de surprenant. L'entreprise est pourtant vouée à l'échec car le Québec n'a aucun rapport de force, mais ils ont le droit d'y croire ou de faire semblant d'y croire.
Mais quand ces propositions viennent d'indépendantistes, c'est franchement inacceptable. N'ayons pas peur des mots, c'est une démission. Uniquement défendre les intérêts du Québec à Ottawa, c'est le mot d'ordre de tous les politiciens depuis le début de la province de Québec en 1867, d'Honoré Mercier à Philippe Couillard. Toujours à la défensive, empêchant parfois le pire, mais jamais en progressant dans notre agir collectif.
Il faut au contraire que le Québec se mette en marche pour définir nous-mêmes notre cadre politique par une démarche constituante, et assumer la responsabilité de notre propre développement. Reprendre l'offensive. Orphelin ou pas. C'est la seule voie adulte et responsable.
Non! Il faut avancer en avant !
Gilbert Paquette, 25 août 2014