Avec la CAQ, la situation est différente. Dans l'électorat de la CAQ, on retrouve environ 19% de souverainistes , 43% de "centristes" ou de nationalistes et 28% de fédéralistes. Sur le plan électoral, la CAQ joue un rôle utile en divisant davantage le vote fédéraliste que le vote souverainiste. Une alliance PQ-CAQ pourrait faire fuir une partie du vote de la CAQ vers les libéraux. Elle doit se faire sur un autre plan qu'électoral. Il faut envisager une certaine collaboration entre la CAQ (redevenue nationaliste) et les souverainistes sur la question nationale, comme je l'ai exprimé dans mon livre "La nécessaire alliance" en 2008.
La coalition avenir Québec renoue actuellement avec ses origines autonomistes : effort majeur de francisation, contrôle de notre immigration, transferts de point d’impôt pour contrer le déséquilibre fiscal, déclaration de revenu unique, rapatriement des fonds fédéraux pour la culture et les infrastructures culturelles, pouvoir total sur l’évaluation environnementale, abolition du sénat et de la fonction de lieutenant-gouverneur. Tous ces objectifs autonomistes, auxquels adhèrent la vaste majorité de la population et la majorité des électeurs de la CAQ, vont nécessairement se heurter à l’intransigeance du Canada qui n’a aucun intérêt à accorder de tels changements au Québec.
La seule façon d’avancer dans cette direction est de faire appel à la pression populaire, et pour cela, les autonomistes ont besoin des souverainistes. La CAQ et tous ceux et celles qui croient possible l’autonomie du Québec dans le Canada ont tout intérêt à participer à une démarche constituante comme celle proposée par les États généraux sur lasouveraineté. Les partis indépendantistes ont également intérêt à les y inviter et à l’organiser avec eux. Quel que soit le statut futur du Québec, il faudra qu’une majorité de la population l’appuie. Dans une telle démarche constituante, on réalisera un large débat sur les objectifs et les projets collectifs largement partagés dans la population. On le fera indissociablement des compétences nécessaires pour les réaliser. Ces débats, largement médiatisés, permettront de faire croitre l’appui au rapatriement de ces compétences ET à l’indépendance comme cela avait été amorcé par la Commission Bélanger-Campeau.
On pourra dégager de l’exercice une liste
commune de compétences à rapatrier faisant consensus entre souverainistes et autonomistes et, possiblement deux
projets de constitution provisoire, un projet autonomiste et un projet indépendantiste qui
seraient soumis à la population par voie référendaire. On peut imaginer une consultation populaire où les citoyennes et les citoyens auraient à choisir entre ces deux propositions et le statu quo. Le résultat serait autour de 75 % pour un rapatriement important des compétences (autonomie) ou l'indépendance. Il sera intéressant
alors de voir comment le Canada anglais pourrait contrer très longtemps une
volonté majoritaire aussi manifeste du peuple québécois. Après un certain temps, en
cas de blocage, une déclaration unilatérale d’indépendance serait alors acceptable aux yeux
de la population et de la communauté internationale.