mercredi 9 mai 2007

Changer de cap, pour reprendre l'initiative

Le Parti Québécois a offert ces derniers jours un spectacle désolant qui a affecté l’ensemble du mouvement souverainiste! André Boiscalir a tiré, avec beaucoup de courage et dignité, les conclusions qui s’imposaient. Au-delà de sa responsabilité personnelle, il demeure que les causes de la défaite électorale sont plus profondes.

Bien plus que le choix rapide d’un éventuel sauveur, il faut d’abord rassembler les indépendantistes et changer de cap pour se débarrasser de ses orientations perdantes des dernières années ! Pour reprendre les mots de Pierre Vadeboncoeur : «la réalité des choses nous met, comme peuple, dans une nécessité si rigoureuse qu’il n’y a plus de place, dans le choix qu’il doit faire, pour une décision qui ne serait pas radicale. »

La raison du triste spectacle actuel tient principalement à la situation schizophrénique d’un parti qui a enfermé lui-même sa raison d’être dans une stratégie politique molle, oscillante, auto-contradictoire, se plaçant ainsi à la remorque des autres partis. Ce que nous vivons aujourd’hui est le scénario d’un mauvais film déjà vécu suite du « beau-risque » du fédéraliste renouvelé en 1985, à « l’affirmation nationale » avec Pierre-Marc Johnson et aux « conditions gagnantes » de Lucien Bouchard. Après chaque défaite référendaire ou électorale, le parti québécois, au lieu de reprendre la lutte pour l’indépendance nationale, met celle-ci en veilleuse et se comporte comme un autre parti provincial avec ses hauts et ses bas, par peur de la défaite électorale. Et cela fait trente ans que ça dure!
Peut-on imaginer un parti fédéraliste, à Québec ou à Ottawa qui, en fonction des résultats d’une élection mettrait au rencart ses convictions profondes comme l’a fait le Parti Québécois. Pourquoi cette attitude anormale d’un parti qui prétend faire l’indépendance du Québec?

Le Parti québécois a attendu les conditions gagnantes mais sa pratique politique a plutôt créé des conditions perdantes : élections où la souveraineté n’est pas défendue et où seuls les adversaires en parlent, appui soi-disant « stratégique » au fédéralisme renouvelé et peut-être maintenant à « l’autonomisme », référendums ayant pour effet de reporter dissocier un vote pour le parti d’un vote pour la souveraineté, mise au rencart des thèmes de l’identité nationale et du combat pour le français, dissociation de la démarche de l’indépendance des défis sociétaux, absence d’action politique entre les élections, peur de la démocratie interne et démobilisation des militants.

Suite à ce refus récurrent d’assumer les exigences du combat indépendantiste, un grand nombre de souverainistes ont quitté le parti et ne le voient plus comme un véhicule de leurs aspirations. Dans certains milieux, on peut même parler de méfiance généralisé.
Le défi à relever est énorme : redonner confiance, ramener les souverainistes à l’action politique, redonner le goût du pays à construire aux citoyens. La pire des orientations perdantes, ce serait de maintenir plus longtemps le doute quant à la volonté et la capacité du parti d’atteindre l’indépendance nationale. Ce doute amplifié par certains média, et que véhiculent même certains porte-paroles du parti, consiste à blâmer l’objectif de la souveraineté et le programme de pays pour la défaite électorale, alors que ceux-ci n’ont pas été défendus tout en recueillant, malgré tout, un appui toujours majoritaire chez les francophones.

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